Soixante et un ans sont passés après ces grandes manifestations qui ont ébranlé l'administration coloniale et ses ultras. Ce sursaut salvateur du peuple algérien se voulait un soutien indéfectible à son représentant légitime, le Front de Libération nationale (FLN) et l'Armée de Libération nationale (ALN). Les manifestations ont connu une véritable omerta de la part des médias et les historiens du colonialisme français. La propagande coloniale cherchait coûte que coûte à faire de la question «algérienne» une affaire interne relevant des «événements» dans certains départements dépendants de l'Empire français. Une façon de tourner le dos à l'Organisation des Nations unies, à l'autodétermination du peuple algérien et à son droit à s'exprimer sur son indépendance. Cette reconnaissance du droit du peuple algérien à l'autodétermination par l'ONU a poussé la France coloniale à accélérer la machine de la répression et des massacres contre un peuple avide de liberté. Après avoir tout déployé comme arsenal de guerre pour réprimer les Algériens en armes durant la bataille d'Alger et le démantèlement des structures du FLN, le général Charles de Gaulle pensait que cette stratégie allait mettre un terme, une fois pour toutes, à la détermination des Algériens et des Algériennes quant à leur attachement viscéral à l'indépendance du pays et au recouvrement de sa souveraineté. Les opérations militaires menées par Bigeard et consorts n'ont pas ôté aux Algériens leur soif libertaire, quitte à en mourir et léguer ce sacrifice suprême aux générations futures. Le message des manifestations du 11 décembre 1960 réside dans l'élan et le sursaut populaire de tout un peuple qui s'est rangé du côté de son représentant légitime, le FLN et son gouvernement provisoire, le GPRA. Cette leçon d'attachement du peuple à son gouvernement provisoire (GPRA) et son Armée de Libération nationale, a été le ciment qui a permis aux protagonistes algériens d'investir davantage les organisations et les conférences internationales pour faire entendre la voix d'un peuple qui aspire à son indépendance malgré les brimades, les massacres et la domination coloniale abjecte. Des centaines de milliers d'Algériens et d'Algériennes ont investi les rues des grandes villes de la capitale et des autres régions du pays. Belcourt, Diar el Mahçoul à Salembier (Madania), El Harrach, Kouba, Birkhadem, la Casbah et le Climat de France (Oued Koriche), se sont transformés en de véritables marées humaines scandant leur soutien au FLN et au GPRA, annonçant de la sorte que le peuple est derrière ses représentants pour exiger l'autodétermination. Ce qu'il faut savoir aussi de ces manifestations, c'est que la première manifestation a eu lieu à Aïn Témouchent, et après, elle s'est étendue à Chlef, et d'autres villes du pays. Le général de Gaulle croyait bien gérer la situation, il s'est vu plongé dans le deuxième Diên Biên Phu. Il a ordonné à son armée coloniale de réprimer les manifestations popuplaires. Les manifestations du 11 décembre 1960 ont enregistré environ 260 morts et des milliers de blessés. C'est ce sursaut et cet élan mobilisateur du peuple algérien et son stoïcisme qui ont précipité la débâcle de la France coloniale et l'inscription par l'ONU de la question algérienne dans son ordre du jour et la délibération n'a pas tardé à se faire un certain 19 décembre 1960. C'est cela le sens des manifestations du 11 décembre 1960, un sens pétri de dévouement du peuple à sa patrie et le combat farouche pour son autodétermination. C'est ce qui a rendu la révolution populaire au retentissement planétaire, une envergure digne du respect. Le peuple est interpellé encore une fois de se ressourcer de la glorieuse révolution et des sacrifices inouïs de ses aïeuls pour que l'Algérie reste libre, indépendante et souveraine.