Le rebond épidémique se confirme de jour en jour. La barre des 200 cas journaliers a été dépassée en fin de semaine dernière. Résultat des courses: les services dédiés à la prise en charge des malades atteints par ce virus sont sous pression. Certains frôlent même la saturation! Comme c'est le cas à Oran où les hôpitaux de Haï Nedjma (ex-Chtaïbo) et d'El Kerma, réservés à la prise en charge des cas de Covid-19 sont quasiment saturés. Même constat au niveau de plusieurs établissements sanitaires du pays, notamment ceux du Centre. «Les services se remplissent peu à peu, on risque vite de se retrouver à court de places», soutient un médecin au niveau du CHU Issad Hassani de Beni Messous (Alger). Comme lui, de nombreux praticiens craignent de revivre le cauchemar de l'été dernier. Le ministre de la Santé a alors décidé de passer au plan B. Il s'agit d'augmenter les capacités d'accueil en transformant d'autres services en centres Covid-19, selon la demande. Abderrahmane Benbouzid a ainsi donné des instructions aux directeurs locaux de la santé à l'effet de consacrer des hôpitaux et des services Covid-19, en prévision de la 4e vague de la pandémie. En effet, le ministre s'est réuni, en visioconférence avec les directeurs de la santé des wilayas, en présence des cadres supérieurs et des membres du Comité scientifique. Il a donné «des instructions et des orientations en prévision d'éventuels développements durant la 4e vague de Covid-19», souligne le département de la santé, dans un communiqué. Une sortie qui ne manquera pas de faire grincer des dents les chefs de service qui, depuis 2 ans, ont vu leurs activités hospitalières «suspendues» pour prendre en charge le coronavirus. Ils ont décrié cette méthode qu'ils qualifient de «solution de facilité». Ils ont appelé la tutelle à consacrer de grands hôpitaux de campagne, afin d'éviter que la prise en charge des malades atteints par ce virus ne se répercute sur les autres patients. Des appels restés lettre morte, puisque Benbouzid a décidé de renouveler presque la même «recette». Sauf que sa «méthode» semble avoir quelque peu évolué. Il a demandé que les spécialités stratégiques soient «épargnées». «Le ministre a émis des instructions à l'effet de consacrer des hôpitaux et des services Covid-19, selon le nombre de populations et les cas recensés sans toucher les spécialités «de souveraineté», telles que l'oncologie, la gynécologie, la maternité, la réanimation, la chirurgie générale, les urgences et la pédiatrie», souligne le ministère. Abderrahmane Benbouzid a aussi pris les devants en ce qui concerne l'oxygène médical. Voulant éviter de retomber dans la grave pénurie qui a marqué la 3e vague, Benbouzid a mis les directeurs de la santé devant leurs responsabilités. Il les a appelés, dans ce sillage, à «l'élaboration d'un inventaire détaillé des stocks d'oxygène dont disposent les structures sanitaires et d'un état des lieux des équipements médicaux disponibles, outre la maintenance et le contrôle du matériel». Il a également insisté sur l'impératif «de s'enquérir de la situation des différents établissements de santé, notamment au vu de l'augmentation des cas de contamination enregistrés dans les wilayas». Il les a aussi exhortés à présenter «des rapports détaillés sur les stocks de médicaments destinés aux personnes contaminées, particulièrement les anticoagulants». Le ministre a chargé les directeurs de la santé d'élaborer des listes de leurs besoins en matière de médicaments, afin de permettre à la Pharmacie centrale des hôpitaux de les prendre en charge. «Les directeurs de la santé ont les pleins pouvoirs pour prendre les décisions nécessaires afin de faire face à la 4e vague du virus», a-t-il souligné pour ce qui sonne comme un appel afin d'éviter la bureaucratie dans la gestion de la pandémie. Enfin, le ministre de la Santé a demandé aux DSP de trouver des solutions, afin de booster la campagne de vaccination. «La vaccination demeure la seule solution pour lutter contre la Covid-19, vous devez utiliser tous les moyens humains et matériels nécessaires pour la réussite de cette campagne», a conclu le ministre. L'Algérie se prépare donc pour la 4e vague. Des jours difficiles nous attendent, faute de conscience collective...