L'Afrique continue d'être courtisée de part et d'autre, par les grandes puissances économiques du monde. Ainsi, on aura assisté, plus récemment aux sommets Chine-Afrique, France-Afrique, sans compter les opérations de charme opérées par les autres Etats en quête d'ouverture de marchés, comme la Turquie ou encore les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. C'est dans ce sillage que s'est ouvert, jeudi, le 3e sommet Turquie-Afrique à Istanbul avec la présence de plus d'une douzaine de chefs d'Etat, deux Premiers ministres, dont Aïmene Benabderrahmane, ainsi que de hauts responsables et ministres d'une quarantaine de pays africains. L'ouverture du sommet par le chef de l'Etat turc,qu'il préside lui-même, Recep Tayyip Erdogan, a été placée sous le thème générique «Partenariat renforcé pour un développement et une prospérité mutuelle». Une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays africains était programmée avant le début des travaux du sommet afro-turc. Simultanément, le président turc a eu à s'entretenir, en aparté et en marge du conclave, lors de rencontres bilatérales avec différents présidents et ministres de pays africains. Sur le plan de la coopération avec le continent noir, la Turquie est très en avance par rapport à d'autres pays africains, européens et même asiatiques, en matière d'investissements et de projections économiques. Cela reste le résultat d'une large offensive, sur plus d'un plan, opérée depuis des années par l'ancienne puissance ottomane sur le continent. Un début de succès, qui doit son origine à un déploiement diplomatique turc, perspicace et très actif, mais aussi grâce à une action solidaire continue sur le continent, auprès des populations et des Etats africains vulnérables. À l'exemple de «l'accompagnement des projets de développement dans divers domaines, dont les infrastructures, les services sociaux, les services économiques, l'éducation et la santé, etc...». Il est également utile d'évoquer l'évolution des représentations diplomatiques, passant de 12 ambassades en 2002 à 43 ambassades en 2021, selon des sources diplomatiques. Réciproquement, les chancelleries africaines en Turquie ont également connu un bond passant de 10 en 2008, à 37 en 2021. Mais ce vecteur a été revitalisé et revigoré par l'action de l'infatigable président turc, Erdogan qui n'a de cesse de sillonner les pays africains, plus d'une trentaine de visités jusqu'ici, en quête de marchés, de débouchés et de perspectives de partenariats. Dans toutes ses sorties à l'étranger, les entreprises turques sont de la partie, avec des contrats au final. Le volume des investissements privés turcs, qui pèse quelque chose comme 6 milliards de dollars et plus de 26 milliards de dollars d'échanges. Cette percée économique et diplomatique en Afrique n'est pas étrangère à la politique rationnelle et pragmatique du président Erdogan. La Turquie ne lésine pas sur les moyens, quand il s'agit de l'intérêt suprême de la nation. Ainsi, parmi ces instruments de travail, qui ont accru l'influence politique, diplomatique et économique de l'ancienne puissance ottomane sur le continent noir, on citera le Conseil des relations économiques étrangères (Deik), et l'Agence turque de coopération et de développement (Tika). L'on cite également le déploiement de la compagnie aérienne, Turkish Airlines, desservant plus de 53 villes africaines, avec des tarifs compétitifs et économiques. Il y a aussi cette fulgurante évolution de la coopération militaire avec nombre de pays africains, comme le Maroc, l'Angola, le Tchad et même l'éthiopie, notamment avec l'export de matériel et d'équipement militaires. L'industrie militaire turque, notamment celle du drone, a opéré un bond qualitatif en réalisant 70% de son chiffre d'affaires grâce aux exportations.