Très attendu, le sommet Turquie-Afrique s'ouvre aujourd'hui dans la capitale turque Istanbul. Cinquante-trois délégations du continent noir prendront part à cet événement, conduites surtout par une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Le gouvernement turc a annoncé également la participation attendue du président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping. La présence économique turque en Afrique ne date pas d'aujourd'hui. Environ 355 sociétés turques exercent actuellement diverses activités économiques en Afrique. Les échanges commerciaux entre le pays d'Atatürk et le continent africain ont atteint l'année dernière la barre des 10 milliards de dollars, alors qu'en 2003 la courbe affichait seulement 5,4 milliards de dollars, soit près de 100% de hausse en cinq ans. A titre d'exemple, les importations des pays africains depuis la Turquie sont évaluées en 2007 à 6,7 milliards de dollars. Pour la Turquie, 17e économie du monde, l'objectif premier est d'atteindre à moyen terme (en 2012) les 50 milliards de dollars d'échanges commerciaux. La couleur est donc clairement affichée. Le « sommet de Coopération Turquie-Afrique » qu'organisera le gouvernement turc vise essentiellement à renforcer les relations économiques entre les pays africains et la Turquie. Il s'agit aussi de « présenter des opportunités de coopération, proposer les perspectives alternatives d'affaires pour diversifier les relations économiques entre les pays africains et la Turquie ». Faible présence diplomatique C'est ce qu'on peut lire en tout cas dans une note diffusée par le gouvernement turc à la veille de l'ouverture du sommet. Les visées essentielles de cet événement consistent donc à forger des liens économiques et commerciaux plus forts entre les pays du continent noir et la Turquie. Le ministre turc du Commerce extérieur, Kursad Tuzmen, a déclaré récemment que les pays africains ont besoin de crédits dans le cadre d'un nouveau système de financement et de régulation, et ce afin de leur permettre de prendre des parts de marché au niveau international. C'est pourquoi, depuis le mois de mai dernier, la Turquie est devenue membre non régional de la Banque africaine de développement. En toile de fond de cette naissante volonté turque d'aller davantage à la conquête du marché africain, il se trouve que la présence politique et diplomatique de la Turquie en Afrique souffre encore d'un énorme retard. La Turquie ne dispose à l'heure actuelle que de sept ambassades en Afrique avec des prévisions d'ouvrir 14 autres représentations diplomatiques dans les mois à venir. Et pourtant, il y a de cela 3 ans, la Turquie, rappelle-t-on, avait déclaré l'année 2005, année de l'Afrique et s'est engagée officiellement à donner âme à sa coopération avec les pays africains. La Turquie n'était présente alors que dans les pays du Maghreb. Pour l'année en cours, Ankara a prévu l'ouverture de dix ambassades (Angola, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Madagascar, Mali, Mozambique, Niger, Tanzanie, Tchad) et cinq autres en 2009 (Burkina, Guinée, Mauritanie, Ouganda, Zambie). Le pays de Abdullah Gül contribue aussi à la stabilité du continent et au maintien de la paix à travers sa participation dans des opérations et des missions onusiennes. Depuis 2003, la Turquie est devenue membre observateur de l'Union africaine (UA). Elle assure également son assistance par le biais de son agence dite de coopération internationale (TIKA). Celle-ci est dotée de trois bureaux en Afrique. En mars dernier, cette agence a attribué 50 millions de dollars, sur cinq ans, pour la réalisation de projets ciblés dans les domaines de la santé, de l'éducation et du développement. En attendant son déploiement politique et diplomatique dans les pays de l'Afrique, la Turquie fait déjà son petit chemin à travers le commerce. Ce n'est point facile de s'investir pleinement lorsqu'on sait que les grosses cylindrées chinoises ainsi que les autres grandes puissances économiques, sont déjà sur place. La Turquie, il est utile de le reconnaître, n'est pas du même calibre financier. Mais elle compte cependant mobiliser certains outils de financement, à l'instar de Eximbank qui compte s'installer en Afrique aux fins de soutenir les opérateurs économiques turcs et africains.