Une tournée et un sommet, le président Recep Tayyip Erdogan accorde une importance particulière à l'Afrique. Son objectif: lancer une nouvelle étape dans les relations avec les pays africains après le plan conjoint Turquie-Afrique (2015-2019). Si la Turquie s'est tournée vers l'Afrique c'est bien pour booster son économie visant à doubler le montant des échanges commerciaux pour atteindre au moins 50 milliards de dollars. Ils n'étaient que de 5,4 milliards en 2003. Mais depuis, le président turc a lancé une réelle offensive: 38 voyages en Afrique dans 28 pays, 31 ambassades ouvertes depuis 2002 et la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines dessert, désormais, 68 destinations sur le continent. L'Algérie étant la porte de l'Afrique, mais aussi un pays pivot de la région, la Turquie veille à renforcer ses relations bilatérales avec Alger, leur donnant même un caractère d'exception. Alger et Ankara sont, d'ailleurs, liées par un traité d'amitié et de coopération depuis 2006 qui va se consolider encore plus par l'intensification des investissements et des échanges commerciaux ainsi que par la concertation politique sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun. Tayyip Erdogan avait déclaré, faut-il le rappeler, lors de sa visite de travail et d'amitié effectuée en Algérie en janvier 2020, que la Turquie comptait beaucoup sur l'Algérie quant à la réussite du sommet Turquie-Afrique, considérant à ce propos l'Algérie comme «le plus important accès sur le Maghreb et à l'Afrique». Il faut aussi relever que la visite d'Erdogan était la première du genre effectuée par un chef d'Etat en Algérie, après l'élection de Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait fait part, lors de sa dernière visite en Algérie, il y a quelques mois, de la volonté de son pays de «poursuivre la coopération avec l'Algérie pour garantir la sécurité et la stabilité dans l'ensemble de la région». Avec Alger, Ankara ne cherche donc pas seulement un échange sur le plan économique, mais aussi politique et sécuritaire. D'ailleurs, le président turc, qui avait déjà lancé une invitation à son homologue algérien, vient de la réitérer dans un message qu'il a transmis à son homologue en recevant le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, représentant du président au 3e Sommet. C'est dire tout l'intérêt que porte la Turquie au rapprochement avec l'Algérie. Nourrissant l'ambition de devenir «le porte-voix» de l'Afrique en prônant des positions en faveur du continent et en défendant les positions des pays africains dans les différents fora et rencontres de par le monde, la Turquie sait qu'elle ne doit pas le faire sans passer par Alger.