Le projet de la route Tindouf-Zouerate, en Mauritanie, ne tardera pas à prendre la forme du chantier-phare pour les prochaines années. En effet, la forte volonté de lier l'Algérie à la Mauritanie par une infrastructure routière de cette importance s'est très vite matérialisée en action concrète. Quelques jours à peine après la signature de l'accord algéro-mauritanien la concernant, la toute première phase a déjà été entamée pour sa réalisation. Une commission chargée de lancer le projet a été installée avant-hier. Présidée par le ministre des Travaux publics, Kamel Nasri, cette instance comprend des représentants de nombreux ministères, dont les Affaires étrangères, la Défense, l'Intérieur et les Finances. De plus, le ministère de l'Energie et des Mines est également représenté dans la commission, ainsi que la wilaya de Tindouf, la direction générale des douanes et la Banque nationale d'Algérie. Cet aréopage d'instances gouvernementales, réuni en un temps record, témoigne de l'importance qu'accorde l'Exécutif à un projet qui sera réalisé de bout en bout par des entreprises nationales. Le chantier est d'une ampleur inédite pour un groupement de sociétés algériennes. Il faut savoir qu'outre le tracé de près de 800 kilomètreS linéaires, cet important projet structurant sera réalisé à plus de 90% en territoire mauritanien. C'est sans précédent au niveau du secteur des travaux publics en Algérie. La dizaine d'entreprises impliquées dans la réalisation de la route, ainsi que les quatre laboratoires de contrôle, auront la charge d'un chantier inédit, dont la portée économique et stratégique ne fait aucun doute. Ce serait la première fois dans l'Histoire de la région qu'un pareil projet, enjambant deux pays, soit réalisé en interne, sans aucune intervention étrangère. Il est clair que la réussite d'une telle entreprises ouvrira d'immenses perspectives pour les travaux publics algériens. L'expertise acquise par Cosider dans la réalisation des grands chantiers est la carte gagnante du challenge que s'est lancée l'Algérie à travers le financement et la réalisation de cette infrastructure stratégique, dont le rôle intégrateur est plus qu'évident. Et pour cause, les 800 kilomètres qui vont relier Tindouf en Algérie à Zouerate en Mauritanie sont en réalité une porte vers l'Atlantique. Et la ville minière de Zouerate est connectée au port de Nouadhibou par un réseau ferroviaire et routier. L'Algérie et la Mauritanie s'ouvrent ainsi une voie royale vers l'Afrique de l'Est, puisqu'à partir de Tindouf toutes les marchandises arrivant au port mauritanien pourront traverser tout le Sahel. En réalisant cet important chantier par ses moyens propres, l'Algérie donne un très intéressant plan de charge à ses entreprises, crée des centaines d'emplois et se positionne clairement et ouvertement comme la puissance régionale à même de se substituer à la Chine en Afrique du Nord. L'ambition peut paraître démesurée, mais il est clair que les moyens humains, matériels et même en matériaux existent localement. Les observateurs qui suivent avec intérêt cette première expérience d'ampleur de l'Algérie, n'écartent pas sa réédition dans d'autres pays subsahariens. Déjà présente dans cinq Etats africains au moins, à travers Sonelgaz qui développe les réseaux électriques avec des compétences et des sous-traitants algériens, l'expertise nationale est en passe de réaliser un saut historique avec la réalisation de la route Tindouf-Zouerate. Rappelons enfin que l'installation de la commission intervient après la signature le 28 décembre dernier d'un mémorandum d'entente dans le domaine des travaux publics portant la réalisation de cette route stratégique par le ministère des Travaux publics, du côté algérien et le ministère mauritanien de l'Equipement et des Transports du côté mauritanien, et ce lors de la visite d'Etat effectuée par le président mauritanien en Algérie.