Rien n'indiquait hier, où se tenait la rencontre de la dernière chance à Ramallah, que les Palestiniens allaient dépasser la crise. Un comité restreint -formé du président du Parlement Aziz Doweik (issu de Hamas), l'homme d'affaires Mounir Al-Masri, et du représentant du président palestinien, Raouhi Fattouh, ancien président du CLP- tentait hier, en compagnie du président Abbas, de trouver une issue à la crise qui secoue le champ politique palestinien depuis plusieurs semaines, en essayant de convaincre le Hamas d'adhérer aux suggestions des prisonniers palestiniens, quant à l'arrêt des attentats hors des territoires palestiniens, de même que de l'approbation de la réactivation de l'initiative arabe adoptée en 2002 par le sommet de Beyrouth -normalisation avec Israël en échange du retrait des territoires palestiniens de Ghaza, de Cisjordanie et d'Al-Qods-Est-. Notons que le représentant du Hamas, Adnane Asfour, était absent à la réunion qui s'est tenue samedi et hier à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne. Or, hier s'achevait l'ultimatum donné, le 25 mai, par Abou Mazen au Hamas pour concilier ses positions politiques avec la réalité du terrain, faute de quoi le président de l'Autorité palestinienne en appellerait au peuple, pour avaliser l'initiative des cadres politiques palestiniens détenus en Israël, en organisant un référendum sur leur suggestion au centre de l'actuel dialogue. L'initiative des détenus palestiniens a été approuvée autant par le Fatah que par la société civile et les indépendants palestiniens, à l'exception des deux mouvements islamistes du Hamas et du Jihad islamique qui restent sur des positions dures, inconciliables avec la vérité du terrain. De fait, très mécontent de la tournure des choses, le président Abbas a exclu de prolonger outre mesure un dialogue national qui pourrait s'avérer sans objet à terme alors que l'urgence de l'heure reste de lever le boycott dont sont victimes les Palestiniens au moment où les fonctionnaires palestiniens entrent dans leur quatrième mois sans paye. Un forcing était fait hier pour obtenir du Hamas une position claire sur l'initiative des cadres palestiniens emprisonnés. Toutefois, il reste peu probable que le mouvement islamiste revienne, à la dernière minute, sur des positions qu'il estime fondamentales. Selon le député du Fatah, Azzam Al-Ahmed, le président Abbas a affirmé «(...) qu'il n'y a aucune raison de prolonger le dialogue car il n'y a aucune déclaration positive du Hamas. Le dialogue s'achèvera demain (aujourd'hui)», qui relève que «les responsables du Hamas ne sont pas venus participer au dialogue mais ils font des déclarations contre le président Abbas dans les mosquées et dans les médias». Le programme commun auquel appelait en fait l'initiative des cadres détenus palestiniens, de même que M.Abbas, a peu de chance de se concrétiser avec le Hamas qui, à l'évidence, a d'autres vues sur le dossier israélo-palestinien. D'ailleurs, il n'y eut pas de communiqué samedi à l'issue de la rencontre organisée autour de Mahmoud Abbas des parties au dialogue national, ce qui montre que ce dernier n'avait pas avancé comme l'espérait le président de l'Autorité palestinienne. En fait, tout au long des derniers jours, le Hamas s'est efforcé de bétonner, critiquant par médias interposés, la suggestion des cadres palestiniens détenus et surtout la menace du président Abbas de recourir au référendum, mesure que le Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismail Haniyeh, estime anticonstitutionnel, car un tel cas de figure (le référendum) n'est pas évoqué, selon lui, par la loi fondamentale palestinienne ni n'est en phase avec le droit international. Dans une déclaration à la presse à Ghaza, M.Haniyeh a indiqué: «Selon un point de vue légal, la loi fondamentale et les notes des juristes de droit et de droit international ne permettent pas la tenue d'un référendum sur le sol palestinien» et de souligner que «d'un point de vue politique, cela a besoin d'études plus profondes».Dès lors, au vu de la tournure du dialogue entre les parties palestiniennes, le président Abbas menace de ne pas se déplacer aujourd'hui à Ghaza. En fait, le président Abbas est plus que jamais convaincu que la seule issue au contentieux israélo-palestinien, qui ne lèse pas le peuple palestinien dans ses espérances -l'édification d'un Etat palestinien indépendant- reste la négociation avec Israël et l'application de la Feuille de route, plan de paix international -actuellement bloqué par les prises de décisions unilatérales du gouvernement israélien- sous la supervision de la communauté internationale et des Nations unies. Mais pour l'heure, le ‘‘grain de sable'' semble s'appeler Hamas.