Rentrée parlementaire houleuse, hier, pour les Palestiniens à l'occasion de la nouvelle législature. En effet, le nouveau Parlement palestinien, élu le 25 janvier dernier et à majorité Hamas, a tenu hier sa première réunion, alors que le Hamas fortement marqué par la visite effectuée en Russie, affirme qu'il est prêt à gouverner seul, alors même qu'il souhaitait une coalition. Une probabilité extrêmement forte après le retrait des députés du Fatah. La raison en est l'abrogation d'une série de lois votées en février dernier par la précédente chambre dominée par le Fatah.« Le Hamas est prêt à former un nouveau gouvernement même si le Fatah refuse d'y participer, dans les semaines à venir », a affirmé le député du Hamas et porte-parole du mouvement, Muchir Al Masri. Il a ajouté que le Hamas a achevé l'élaboration du « programme politico-social et administratif » du nouveau gouvernement, après des « consultations entre les dirigeants du mouvement dans les territoires palestiniens et à l'étranger ». Il s'agit là bien plus que d'une formule consacrée, puisque, et à titre d'exemple, le chef de son bureau politique Khaled Machaâl vit en exil en Syrie. Pour rappel, Ismaïl Haniyeh a été formellement chargé par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de former le nouveau gouvernement. Mais malgré un appel pressant de son chef Farouk Kaddoumi, lancé tel un ordre, la plupart des dirigeants du Fatah se sont opposés à la participation du parti au gouvernement, préférant se consacrer aux réformes pour préparer les prochaines élections. Le Premier ministre sortant Ahmed Qoreï, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a recommandé dimanche le départ de ce parti du pouvoir. La base même du Fatah réclame, quant à elle, une mise à plat pour analyser les raisons de l'échec, et Hamas justement par sa politique en est une. Par ses opérations armées, il est accusé d'avoir torpillé la politique suivie par l'Autorité, y compris du vivant de son premier président Yasser Arafat. Ce qui rend alors fortement improbable une coalition dirigée par Hamas, rendant sûre par contre une opposition du Fatah, à supposer que le parti dominant puisse effectivement constituer son gouvernement dans les délais que lui accorde la Loi fondamentale qui tient lieu de Constitution pour les Palestiniens. Ce désaccord non déclaré intervient alors que le nouveau Conseil législatif palestinien tenait hier sa première réunion plénière à Ramallah en Cisjordanie, non loin des check points israéliens et dans un climat de guerre avec des attaques israéliennes et des arrestations massives de Palestiniens par l'armée d'occupation. Le président de la Chambre, Aziz Doweik, a appelé au « respect du principe de la séparation des pouvoirs », affirmant que le rétablissement de la sécurité dans les territoires palestiniens devrait être au centre de l'action des députés. Dans le nouveau CLP, le Hamas occupe 74 des 132 sièges contre 45 pour le Fatah. Les photos de 12 députés détenus en Israël ont été posées sur des chaises vides dans l'enceinte en signe de solidarité. Le CLP avait été inauguré le 18 février dernier par M. Abbas. La plupart des 54 députés de la bande de Ghaza assistaient à la séance par vidéo-conférence faute de permis israélien pour se rendre à Ramallah. Parmi les députés du Hamas basés à Ghaza figure notamment Ismaïl Haniyeh. En face, des hauts responsables de l'armée israélienne recommandent qu'Israël coupe totalement les ponts avec la bande de Ghaza en cessant notamment de lui fournir eau et électricité. Au terme de ce plan, l'armée préconise également de se retirer unilatéralement sur des lignes sécuritaires plus défendables en Cisjordanie, selon deux journaux israéliens. Tous les chefs politiques israéliens ont abordé cette question du redéploiement, et non de retrait. Une telle option s'accompagne d'un programme d'occupation de nouveaux territoires palestiniens. C'est dans un tel contexte que le Hamas est pressé de reconnaître Israël, et de souscrire à des engagements internationaux qui n'existent plus.