Ce n'est certainement pas le mouvement Hamas qui est venu à bout du caractère de fer du président Mahmoud Abbas. C'est beaucoup plus sinon uniquement le contexte international qui s'est révélé d'une incroyable adversité, beaucoup plus certainement que durant la période antérieure aux accords de paix d'Oslo qu'il avait lui-même négocié. L'homme a fait preuve de persévérance sans rien engranger en retour. C'est pourquoi, a-t-il annoncé, qu'il se contentera de terminer son mandat qui court jusqu'en 2009, après quoi ce monde qui s'est aligné sur Israël, se chargera de trouver un président afin de diriger une autorité vidée de son contenu. On reconnaîtra immanquablement qu'il a tout fait pour arrondir les angles, et endiguer la vague de désespoir, mais sans succès, ce même monde ayant décidé de régler la question palestinienne à sa manière. Les profonds différends avec le gouvernement palestinien ne sont certainement pas l'élément déterminant, mais il viennent après une période faite d'amertume. En conclusion, ces querelles ont provoqué le report du dialogue national palestinien qui devait se tenir à partir d'aujourd'hui pour tenter de sortir de la crise politique et financière. Selon des responsables politiques, cette conférence - à laquelle devait participer des membres du Comité exécutif de l'OLP, des membres du gouvernement, le chef du Parlement, des représentants de groupes armés et des indépendants - pourrait se tenir à la mi-mai. Cette initiative avait été évoquée par le président du Parlement, Aziz Doweik, issu du Hamas, mais le président de l'Autorité palestinienne a invité officiellement samedi les groupes palestiniens à participer à cette conférence de mardi à jeudi. Un responsable du Fatah, Abdallah Abdallah, a affirmé que le gouvernement et M. Abbas n'avait pas réussi à se mettre d'accord sur la personnalité présidant la conférence. « Abou Mazen (Mahmoud Abbas) a envoyé des invitations pour cette conférence qu'il devait présider, mais nous avons appris hier (samedi) que le (Premier ministre) Ismaïl Haniyeh et son gouvernement voulaient être eux-mêmes en charge de ce dialogue », a dit M. Abdallah. De son côté, le cabinet, qui a accusé récemment la présidence de vouloir le faire échouer dans sa mission en lui retirant des pouvoirs, a argué qu'une telle conférence devait être soigneusement préparée « pendant une semaine ou deux » pour aboutir à des « résultats concrets et pas seulement des mots ». « Nous avons besoin de plus de préparation entre le Fatah et le Hamas car si nous nous mettons d'accord entre nous, ce dialogue aura plus de chances de réussir », a affirmé le porte-parole du gouvernement Ghazi Hamad. Mahmoud Abbas « viendra à Ghaza dans deux jours. Je pense qu'il y aura des discussions entre Abbas et Haniyeh afin d'éclaircir les choses », a-t-il ajouté. Mais M. Hamad a, par avance, refusé un dialogue qui tournerait au procès contre le gouvernement, qui fait face aux plus grandes difficultés après la suspension des aides financières de l'Union européenne et des Etats-Unis. « Nous soutiendrons toute proposition qui sera dans l'intérêt national » mais toute tentative d'accuser le gouvernement d'être « inefficace sera rejetée », a-t-il indiqué. Dimanche, Ismaïl Haniyeh avait minimisé l'importance de la tenue de cette conférence, affirmant que le dialogue entre les Palestiniens n'était pas « nouveau ». Le parti Hamas a, quant à lui, affirmé n'avoir reçu aucune invitation officielle pour participer à cette conférence, tout comme le groupe radical armé Jihad islamique. « Personne ne nous a envoyé d'invitation », a indiqué le porte-parole du mouvement islamiste Sami Abou Zouhri, qui a également estimé que le manque de préparation était à l'origine du report. « Afin de réussir, tout dialogue doit être bien préparé. L'ordre du jour et les mécanismes de sa tenue doivent être acceptés par tous les groupes, ce qui n'est pas le cas pour le moment », a ajouté M. Zouhri. Ainsi pour le Jihad islamique, responsable des derniers attentats suicide meurtriers anti-israéliens et de la plupart des tirs de roquettes, les participants doivent avant tout discuter de « l'occupation ». « Nous sommes d'accord » avec un « dialogue national » mais les « priorités sont de mettre fin à l'occupation, arrêter les violences et les crimes sionistes, obtenir le soutien international. Ensuite nous pourrons parler des problèmes internes », a affirmé Khaled al Batch. Ce qui veut dire, que le président Mahmoud Abbas, qui n'est pas homme à faire le vide autour de lui, est aujourd'hui un homme seul. il a donc décidé de ne plus jouer au pompier.