La dernière réunion du Conseil des ministres présidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a vu la présence du médiateur de la République en sa qualité d'autorité et de contre-pouvoir. C'est la première fois où l'on fait allusion à une présence aussi concrète que celle de médiateur de la République dans des réunions de cette envergure, à savoir le Conseil des ministres. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a écouté l'exposé d'Ibrahim Merad sur des questions qui concernent l'administration publique et ses rapports avec les citoyens. C'est là un élément nouveau qui vient de se greffer dans les instituions de l'Etat pour cerner et déterminer les problèmes qui surgissent et les causes de blocages qui affectent le fonctionnement des services dont les agents de l'administration publique et d'autres secteurs stratégiques, à savoir l'économie et des établissements dont le caractère social est prépondérant. Le président Tebboune veut rompre avec l'ancienne pratique consistant à faire de la gestion des affaires publiques une espèce de fonctionnement en vase clos. Conscient de l'enjeu et des défis relatifs au changement réclamé par la majorité du peuple algérien, le président de la République veut en découdre graduellement avec les pratiques et des comportements abhorrés par le peuple et qui sont la source de la rupture de la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. L'un des signes du changement qui s'annonce avec sérénité et d'une manière intrinsèque, c'est cette nouvelle approche qui confère au médiateur de la République une mission éminemment prépondérante et influente dans la formulation et la présentation de la situation générale qui règne dans le pays. La fonction et la mission de médiateur de la République a été mise en oeuvre auparavant par l'Etat algérien. Mais le contexte de l'époque n'a pas été favorable à cette mission qui était dépassée par des préoccupations majeures dans lesquelles l'Etat était plongé. Le contexte actuel est idoine pour que cette mission puisse renouer avec le suivi à la base des préoccupations des citoyens lambda. Mais aussi au niveau des centres de décisions économiques et d'autres secteurs qui touchent les intérêts directs de la collectivité nationale. Le président de la République a laissé la parenthèse ouverte au médiateur de la République quant à son implication mordicus dans les affaires économiques dans le but de suivre et d'enquêter sur les blocages et la gestion des institutions financières et administratives y afférentes. Cette démarche est un signe avant-coureur d'une nouvelle étape qui commence à s'enraciner dans la perspective d'asseoir le véritable sens de la démocratie participative. Certes, le changement ne sera pas visible et perceptible à court terme, mais la volonté d' aller vers cette nouvelle réalité, à savoir de consacrer le principe du contrôle et de suivi qui sera entériné par une appréciation et une mise en application par les hautes sphères de la décision politique, ne peut être que louable et méritoire. Le décret régissant le rôle et la mission de médiateur de la République stipule que «le médiateur de la République est une instance de recours non juridictionnelle qui contribue à la protection des droits et libertés des citoyens et à la régularité du fonctionnement des institutions et administrations publiques». Il y a un large éventail susceptible de faire de cette structure rattachée à la présidence de la République comme un instrument efficace en mesure de booster la vie sociale et inciter la société civile et la classe politique à s'insérer dans le processus de suivi et de lutte contre les phénomènes et les fléaux qui portent préjudice à l'autorité de l'Etat et à la cohésion sociale. C'est cette manière peu orthodoxe qui est à même de permettre à la société et à l'Etat de sortir de l'ornière de la médiocrité ambiante et la spirale de la corruption et la culture de la prédation qui ont gangrené les institutions et le secteur économique et financier.