Le chemin est tout tracé pour mener à bon port toutes ces réformes. L'installation de commissions chargées d'élaborer des projets de réformes aussi importants que ceux de la Constitution du statut de la Fonction publique, le code communal et de wilaya, le code de l'information, dont certains sont déjà finalisés, porte à n'en pas douter une couleur partisane, celle de l'instance exécutive du FLN. Monsieur Belkhadem, secrétaire général du FLN, porté à la tête du gouvernement, inaugurera, certainement et par la force des événements, un type de gouvernance portant l'empreinte d'un seul parti. Juste retour aux sources diront certains. Mais cela renforcera certainement l'hypothèse lui reprochant d'avoir un gouvernement de l'ombre. Quoi de plus normal dira-t-on puisque ce parti est majoritaire au sein de l'Assemblée populaire nationale, des APC et des APW. Il ne faut cependant pas perdre de vue que l'application du programme du président de la République s'articule autour d'une Alliance présidentielle, même s'il s'avère que le FLN a fait cavalier seul, autour de l'élaboration de projets de réformes qui vont engager l'Algérie et l'avenir des Algériens pour les années à venir. Quel serait dès lors l'avenir de cette alliance déjà fortement ébranlée par les derniers événements qui l'ont secouée ; le départ d'Ouyahia de la tête du gouvernement et la revendication récente du MSP d'un gouvernement neutre en vue des prochaines élections législatives. Le mystère qui a entouré la démission du chef du gouvernement a mis en évidence les faiblesses de la communication et de l'information officielles. Il a fallu que le porte-parole du RND apporte un démenti formel quant à sa démission du parti. Le président du MSP revendique son départ, alors que le secrétaire général du FLN nie avoir demandé sa démission. Au beau milieu de toute cette cacophonie, la rumeur s'installe, laissant libre cours à toutes les supputations. Le nouveau ministre de la Communication, fraîchement installé, souffle le chaud et le froid quant à une éventuelle ouverture médiatique. Tout porte à croire que la désignation de M.Belkhadem à la tête de l'Exécutif a pour objet de donner un coup d'accélérateur au programme du président ainsi qu'à la mise en application des réformes quitte à ce que ces dernières portent l'empreinte d'un seul parti, le FLN, qui lui est complètement acquis et dont M.Bouteflika est le président d'honneur. Le temps presse et la société grogne: Grève des enseignants du supérieur, salaires des travailleurs impayés depuis des mois, pouvoir d'achat qui s'effrite et la bonne nouvelle est là, 1.500.000 fonctionnaires vont être augmentés. La pomme de discorde ayant opposé Ouyahia à Belkhadem a tourné à l'avantage de ce dernier. Il est clair que le chemin est tout tracé pour mener à bon port toutes ces réformes et le nouveau chef de gouvernement en recueillera certainement des dividendes. Alors, faut-il comprendre que M.Belkhadem serait chargé de la mise en oeuvre de ces grands chantiers dans le but de retombées électorales favorables à son parti, dont il est le premier secrétaire? A vouloir mener ces projets au pas de charge par l'entremise de commissions partisanes, le chef de gouvernement risque d'instaurer ce type de gouvernance sur lequel il aurait la mainmise, une sorte d'OPA qui est déjà vue d'un mauvais oeil par ses alliés qui, à n'en pas douter, ont déjà manifesté le désir de partir en rangs dispersés pour les prochaines électorales. Chaudes empoignades en perspective. Tous ces dossiers ficelés qui atterriront prochainement sur les bureaux du président de la République seront-ils soumis à débat à l'APN? Seront-ils amendés? Ou alors seront-ils tout simplement adoptés par ordonnance? Ce qui confirmerait certaines inquiétudes quant à l'espoir de faire participer la société aux projets qui, pourtant, engagent son avenir et celui de ses enfants. La volonté de réformer doit être liée à l'ancrage de manière durable d'une culture de la concertation sans exclusive, d'une culture du dialogue et de la démocratie. Ce qui mettrait au goût du jour l'espoir et l'expérience de l'alternance au pouvoir. Un jour peut-être...