Le rapport de la mission d'information sur la pénurie d'huile de table, élaboré par la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification est identique à celui de 2011. D'après les résultats de ladite mission, la pénurie n'est aucunement due à la spéculation. Les raisons à l'origine de la pénurie évoquées dans le rapport de la mission sont tout autres. La mission composée des membres de la commission sus-indiquée a sillonné pendant près de deux semaines, soit du 10 au 22 janvier, différentes wilayas où sont implantées les usines de production de l'huile de table, à savoir Mascara, Oran, Oum El-Bouaghi, Sétif, Béjaïa, Adrar et Bordj Badji Mokhtar. Le rapport comprenait ce que la commission a qualifié de «vérités importantes», qu'elle a constatées après enquête et visites sur le terrain dans la plupart des usines de production de ce produit ainsi que chez les grossistes, les détaillants et les distributeurs. Ce fameux rapport cite une «dizaine de points», comme étant des raisons de la crise due à la pénurie de l'huile de table que le marché avait connue à plusieurs reprises, dont la dernière en date remonte au mois de janvier. Plus particulièrement, indique- t-on, la commission parlementaire a tenu le département de Kamel Rezig, comme responsable en partie de la crise de pénurie de l'huile de table, et ce, à travers «l'absence de contrôle périodique, la diffusion de statistiques irréalistes». Il est reproché au ministre du Commerce et de la Promotion des exportations de prendre des décisions «improvisées», à l'image de celle visant à interdire la vente d'huile de table aux mineurs ou personnes de moins de 18 ans. Bien que les rumeurs relayées sur les réseaux sociaux ont créé des perturbations et des tentions autour de ce produit, la crise a été aggravée par le silence des parties concernées directement, est-il mentionné en faisant allusion aux services du département de Rezig, lesquels, tout en réduisant les causes de la pénurie à la spéculation, ont tenté de faire porter le chapeau aux détaillants et citoyens alors que la règle exige la mise de quantités suffisantes sur le marché afin de mettre un terme à la spéculation. La commission pointe aussi du doigt le retard accusé par les directions du commerce, les douanes et les cotributions diverses dans le traitement des dossiers des compensations accordées aux producteurs. Les directions du commerces ne disposent pas d'assez de moyens humains et matériels pour accomplir leur mission correctement. «Le soutien ou la compensation accordée aux producteurs en fonction des montants déclarés sur les factures ne reflétait pas la réalité renvoyée par les données transcrites sur les registres du commerce des distributeurs qui appartenaient indirectement aux producteurs» est également évoquée. En outre, certains producteurs ont refusé d'augmenter des quantités de production au motif que la compensation n'était pas encore versée (différence entre le coût de production et le prix de vente réglementé). Les six unités de production produisaient 4.330 tonnes/jour de cette matière, l'équivalent de plus de 3,9 millions de litres /jour (103millions de litres /mois), ce qui permet de satisfaire largement les demandes des citoyens. Dans son rapport, la commission a considéré que la marge bénéficiaire des distributeurs ne dépassant pas 15 dinars pour un bidon de 5 litres imposable, n'était pas du tout «motivante» ni «encourageante». Le rapport a conclu également que l'introduction de l'établissement de la facturation comme moyen d'audit fiable rendait la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) à raison de 2% du chiffre d'affaires, presque égale à la marge bénéficiaire des distributeurs, des grossistes et des détaillants, ce qui a amené certains détaillants à s'abstenir d'acquérir et de revendre ce produit. La commission accuse les producteurs «de contribuer de manière significative à la crise de pénurie d'huile de table en la fournissant au niveau des distributeurs exclusifs et agréés, tandis que les grossistes et les détaillants recevaient des quantités limitées à intervalles intermittents.» Le rapport a révélé que les producteurs manipulaient la domiciliation bancaire et généraient des profits indus en raison de l'instabilité du taux de change du dinar par rapport au dollar, ce qui affectait la valeur de la compensation. La commission a également constaté que le maintien des subventions généralisées a contribué de façon importante à la hausse de l'inflation et a fait en sorte que les ménages démunis ne profitent pas toujours de ces aides. Dans ce contexte, la commission a formulé plusieurs recommandations. Il s'agit, entre autres, de renforcer le rôle des agents du contrôle relevant du ministère du Commerce, que l'aide soit dirigée vers les producteurs de l'huile de table à l'instar des subventions affectées au lait et à la farine. Il est question de réactiver le Fchier national des grossistes pour lutter contre la contrebande. Revoir la valeur de la compensation du transport et lever tous les obstacles bureaucratiques contraignant le versement des compensations et prendre des mesures qui s'imposent pour faciliter l'octroi des autorisations par les services du ministère du Commerce.