Si les chiffres de la tutelle étaient réels et vérifiés, souligne M. Kouadria, la pénurie n'existerait pas et il n'y aurait pas eu spéculation. "Nous avons pris en considération les chiffres annoncés quant à une disponibilité en quantités suffisantes de l'huile de table, mais lors de nos visites sur le terrain, nous nous sommes rendu compte, et ça reste notre point de vue en tant que commission d'enquête, que ces chiffres sont imaginaires." Le président de la mission d'information parlementaire chargée de l'"enquête" sur la pénurie d'huile de table et d'autres produits de large consommation, Ismaïl Kouadria, contredit ainsi les statistiques avancées ces derniers jours par le ministère du Commerce à propos de l'abondance de ce produit sur le marché. Suite aux perturbations qu'a connu l'huile de table à travers plusieurs wilayas du pays, les services du ministère ont mis en œuvre, selon eux, plusieurs mesures pratiques en coordination avec les unités de production de cette matière en vue d'augmenter la production et d'assurer un suivi de la distribution de cette matière essentielle au niveau des wilayas où des perturbations ont été signalées. Les services du commerce sont ainsi intervenus au niveau des régions enregistrant des fluctuations dans la distribution en donnant des instructions pour augmenter les quantités de production en coordination avec les gestionnaires des unités de production de l'huile situées dans les wilayas d'Alger, Oran, Béjaïa, Annaba et Oum El-Bouaghi. Les dernières statistiques avancées par Ahmed Mokrani, directeur de l'organisation des marchés, des activités commerciales et des professions réglementées au ministère, indiquent que la capacité de distribution a été augmentée à plus de 2000 t/j, un chiffre qui dépasse les besoins nationaux estimés à 1600 t/j. Mieux, les unités de production produisaient 4433 t/j de cette matière, ce qui permet de satisfaire les demandes des citoyens. Autant de chiffres officiels contestés par le président de la commission d'enquête parlementaire dans une déclaration à la chaîne En-Nahar. Pour le député, "la production des usines d'huile de table, et non celle les matières premières, n'est pas suffisante". M. Kouadria rappelle que "le ministre a évoqué un problème de spéculation à l'origine de cette pénurie. Non, nous n'avons pas relevé des actes de spéculation lors de nos visites sur ces espaces commerciaux". Et en guise de réponse aux services concernés du département du commerce, il affirme : en principe, "quand il y a abondance, il ne peut y avoir spéculation". En termes plus clairs, si les chiffres de la tutelle étaient réels et vérifiés, souligne M. Kouadria, la pénurie n'existerait pas et il n'y aurait pas eu spéculation. Le parlementaire tient le ministère pour responsable des déclarations fallacieuses émises par les propriétaires des usines qui font croire à une abondance d'huile de table. Pis, le député estime que les services de Rezig n'ont pas déployé tous les moyens nécessaires, notamment leurs commissions de contrôle, ce qui aurait pu prévenir de la pénurie. S'entêtant sur les raisons spéculatives qui ont provoqué la rareté de l'huile de table, le ministère a fait pression pour l'application de lourdes peines contre les spéculateurs. Le ministre a déclaré récemment que la loi sera appliquée "à la lettre". Ainsi, "tout commerçant ou propriétaire de local stockant l'huile à des fins spéculatives sera traduit en justice", a-t-il averti. La commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie et du commerce de l'Assemblée populaire nationale (APN) a tenu lundi et mardi (hier) une réunion consacrée à l'élaboration du rapport sur les raisons de la pénurie d'huile de table, et ce, après la série de visite menées dans plusieurs wilayas. Jusqu'à hier, le rapport n'a pas été finalisé. Le document final sera soumis au président de l'APN d'abord puis aux autorités concernées.