Le président français Emmanuel Macron, qui multiplie les consultations sur l'Ukraine, devrait une nouvelle fois repousser la question de sa candidature, au plus près de la date limite fixée au 4 mars, une échéance qui inquiète plusieurs de ses concurrents. Le chef de l'Etat avait lié l'officialisation de sa candidature à deux conditions: dépasser le «pic épidémique» et tourner la page d'une «situation internationale éminemment à risques».Or, si le reflux du Covid-19 en France est bien entamé, les Occidentaux craignent que l'intensification des combats depuis plusieurs jours sur la ligne de front dans l'Est séparatiste ukrainien ne serve de prétexte à la Russie, qui a massé 150.000 soldats aux frontières ukrainiennes, pour lancer une attaque massive contre son voisin pro-occidental. Dimanche, Emmanuel Macron s'est à nouveau entretenu par téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine, mais aussi avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz, sur les moyens d'éviter une guerre majeure en Europe. Selon son entourage, le chef d'Etat français est très attaché à l'idée de prouver qu'il préside «jusqu'au dernier quart d'heure». Sa déclaration de candidature devrait dès lors être repoussée à la semaine du 28 février. Une attitude qui fait grincer des dents ses opposants. «J'attends qu'Emmanuel Macron arrête de se cacher et annonce sa candidature», a réagi Jordan Bardella, le président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN). Reste que le chef de l' Etat semble récolter les fruits de son activité internationale: il recueille 39% de satisfaits dans un sondage de l'Ifop paru dimanche dans le Journal du Dimanche, deux points de plus en un mois. Le Conseil constitutionnel a fixé au vendredi 4 mars, 18h00, la date butoir pour présenter ses 500 parrainages et se déclarer formellement candidat, alors que le premier tour de l'élection se tiendra le 10 avril prochain. Dimanche, l'ex-polémiste Eric Zemmour a assuré qu'il était «très possible» qu'il ne les obtienne pas. Au dernier comptage jeudi, il n'en avait recueilli que 291 et a annulé un déplacement pour se consacrer à la tâche. «Je n'ai aucune certitude, c'est très dur, on passe des heures à téléphoner, mon ami Philippe de Villiers parle des heures avec les maires, Guillaume Peltier parle des heures avec les maires, moi-même je téléphone aux maires pour essayer de les convaincre», a-t-il insisté. «C'est une situation qui, démocratiquement est terrifiante», a abondé Marine Le Pen, l'autre candidate d'extrême droite pour le Rassemblement National, sur France Inter. À la recherche d'une cinquantaine de signatures manquantes, celle qui fut déjà candidate en 2012 et 2017 a jugé que ne pas être sur la ligne de départ «pour des raisons administratives» serait «inouï, scandaleux, gravissime». La question des parrainages, antienne de chaque élection présidentielle bien qu'aucun candidat bien placé dans les sondages n'ait jamais échoué à les recueillir, concerne également le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui n'a pour l'instant que 370 paraphes malgré ses 10% d'intentions de vote. Il a toutefois reçu dans la soirée le parrainage inattendu «en son nom personnel» du président de l'Association des maires de France, David Lisnard, maire de Cannes (sud) et soutien affiché de la candidate de droite Valérie Pécresse. «Je combats ardemment (les) convictions (de Mélenchon), ses idées, ses valeurs, mais il doit pouvoir concourir», au même titre que Mme Le Pen ou Zemmour, a-t-il expliqué dans une vidéo. Au jeu des signatures, c'est la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, qui fait la course en tête avec près de 2.000 parrainages, devant Emmanuel Macron (1.345 paraphes). Tous les sondages placent le président sortant nettement en tête du premier tour, qui se tiendra le 10 avril, avec environ 25% des suffrages, et vainqueur au second (24 avril) quel que soit l'adversaire. Marine Le Pen vient en seconde position, devant Eric Zemmour et Valérie Pécresse, au coude à coude.