Exaspérés par la politique du Makhzen et de ses prévôts, des dizaines de milliers de Marocains sont sortis dans plus d'une cinquantaine de villes du pays. Pancartes brandies, ils ont crié leur colère, dimanche dernier dans l'après-midi. Ils ont dénoncé l'exclusion, la pauvreté, le despotisme et la corruption. Ce soulèvement populaire a coïncidé, faut-il le signaler, avec la visite au royaume de la ministre israélienne de l'Economie, Orna Barbivai, dépêchée par l'Etat sioniste pour développer les liens économiques et commerciaux avec le royaume et de parachever la normalisation entre les deux pays. Il fait écho au sentiment de colère et d'indignation exprimé par les Marocains, en novembre dernier, lors de la visite du ministre de la Défense de l'Etat sioniste, Benny Gantz, au Maroc. Une visite qui a vu monter au créneau plusieurs associations et représentants de la société civile au Maroc pour exprimer leur opposition à la normalisation. «Le peuple veut renverser la tyrannie», «Le pouvoir au peuple», «Dignité et liberté. Non au Makhzen, non aux Sujets», lisait-on sur les banderoles brandies par les manifestants qui ont appelé au départ du chef du gouvernement Aziz Akhannouch, à coups de «Akhannouch dégage!» Ce dernier est accusé de corruption. Un membre du secrétariat général du parti de la justice et du développement (PJD) au Maroc, Abdelaziz Aftati n'a pas manqué d'accuser le Premier ministre, Aziz Akhannouch d'être un «prédateur», dénonçant son implication dans la hausse des prix des carburants du fait de son monopole sur le marché à hauteur de 30% dans la filière du diesel et de l'essence. «Akhannouch est dans une double impasse. La première concerne sa gestion des affaires publiques et gouvernementales.». Abdelaziz Aftati a accusé le Premier ministre de «privilégier ses propres intérêts en se détournant de sa responsabilité constitutionnelle». Il fera remarquer que Aziz Akhannouch «est devenu la cible des protestations populaires», relevant que «les citoyens défavorisés ont besoin de ceux qui se préoccupent d'eux avec intégrité, impartialité, objectivité, équité et courage». D'autre part, Abdelaziz Aftati a critiqué le discours tenu, à la veille des manifestations au Maroc, par le secrétaire général du PJD et ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane devant le conseil national de son parti, dans lequel il a pris la défense du Premier ministre Aziz Akhannouch. «Le peuple veut l'équité et l'équité nécessite de gérer ses affaires avec intégrité et efficacité à travers ses représentants et ses institutions, en incarnant sa volonté qui est au-dessus de tout», a-t-il conclu. La colère dans les villes marocaines n'est pas prête de s'estomper. Le coordinateur national du Front social marocain, Younès Farachen, a assuré que «cette manifestation ne sera pas la dernière, mais plutôt le début d'une nouvelle série de luttes en l'absence de réponses du gouvernement actuel sur la situation sociale que vivent les Marocains». Le Front social marocain qui regroupe plus d'une trentaine d'organisations associatives de défense des droits de l'homme, syndicales, politiques et oeuvre à défendre les droits et les libertés des couches sociales les plus larges, avait appelé à organiser des manifestations dans tout le royaume pour renverser la tyrannie et la corruption et mettre fin à la cherté scandaleuse de la vie. Il a, en outre, appelé à abolir les restrictions et répressions des droits et libertés publiques et syndicales, en vue de parvenir à une société de «dignité, de justice sociale et d'égalité».