Le président russe Vladimir Poutine a douché jeudi les espoirs de médiation du président français Emmanuel Macron, lui déclarant au téléphone que la Russie avait «l'intention de poursuivre, sans compromis, son combat contre les membres des groupes nationalistes qui commettent des crimes de guerre», tout en répétant son exigence d'une démilitarisation et d'un statut neutre pour l'Ukraine, selon le Kremlin. «Le pire est à venir», Poutine veut «prendre le contrôle» de toute l'Ukraine, a jugé le président français après cet appel, selon l'Elysée. Le jour même, la centrale atomique de Zaporijjia, la plus grande d'Europe dans le centre de l'Ukraine, a été touchée par des frappes de l'armée russe qui ont provoqué un incendie, mais sa sécurité est «garantie», selon Kiev, qui a accusé Moscou d'avoir recours à la «terreur nucléaire». «Suite à un bombardement des forces russes sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, un incendie s'est déclaré», a indiqué le porte-parole de la centrale, Andreï Touz, dans une vidéo publiée sur Telegram. «La sécurité nucléaire est maintenant garantie. Selon les responsables de la centrale, un bâtiment pour les formations et un laboratoire sont touchés par un incendie», a indiqué, sur Facebook, Oleksandre Staroukh, chef de l'administration militaire de la région de Zaporijjia. Il a précisé que les pompiers avaient pu accéder à la centrale. Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires et fournit une grande partie de l'énergie du pays, a indiqué de son côté l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement «essentiel» n'a été touché. L'AIEA «appelle à cesser l'usage de la force et avertit d'un grave danger si les réacteurs sont touchés», a tweeté l'organisation. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de vouloir «répéter» la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l'Histoire en 1986. «L'Ukraine compte quinze réacteurs nucléaires. S'il y a une explosion, c'est la fin de tout. La fin de l'Europe. C'est l'évacuation de l'Europe», a-t-il poursuivi. «Seule une action européenne immédiate peut stopper les troupes russes. Il faut empêcher que l'Europe ne meure d'un désastre nucléaire», a ajouté le président ukrainien. Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l'ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes. Dans des déclarations à la télévision russe jeudi, le président Vladimir Poutine n'a donné aucun signe de ralentissement de l'offensive. «L'opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan», a-t-il déclaré, rendant hommage aux soldats russes et à leur «précieux combat contre des néonazis» et des «mercenaires étrangers» qui utilisent les civils comme «boucliers humains» en Ukraine. En Russie, les pages Internet de Facebook et plusieurs médias indépendants ou étrangers étaient en partie inaccessibles hier. Et la Douma devait examiner dans la journée un projet de loi prévoyant jusqu'à 15 ans de prison pour toute publication de «fake news» concernant l'armée. Les forces russes intensifient leurs frappes sur les principales villes d'Ukraine. Kiev a notamment accusé Moscou jeudi d'avoir bombardé une zone résidentielle à Tcherniguiv, sur la route de Kiev, faisant 33 morts. Outre des habitations endommagées, des images du service des situations d'urgence montraient des sauveteurs transportant des corps.