Sera-t-elle éclair ou pas? Personne ne peut répondre à cette question concernant la guerre en Ukraine. Hier, en milieu d'après-midi, les combats faisaient rage dans la capitale Kiev. Une nouvelle guerre qui met aux prises l'Otan avec les USA comme tête de pont et la Russie qui s'est reconstruite plus de 30 ans après la disparition de l'ex-Urss. Les deux géants qui s'étaient maintes fois accrochés par pays interposés, écrivent depuis ce jeudi, une nouvelle page de leur guerre éternelle. Il faut dire que l'offensive russe a pris des allures d'un véritable dispositif d'encerclement du pays. L'armée de Vladimir Poutine qui a pénétré le territoire ukrainien par le sud, le nord et l'ouest, a permis aux troupes d'avancer très vite. Quelques heures après le bombardement des sites militaires et la prise du réacteur nucléaire de Tchernobyl, les soldats russes se sont rapprochés de Kiev. Des témoins sur place parlent d'échanges de tirs aux abords de la capitale. Ce qui renseigne sur la progression rapide de l'armée russe. Les mêmes sources notent des explosions dans le quartier d'Obolon. Depuis le centre-ville, on pouvait entendre des détonations sourdes. Preuve d'une proximité des combats et peut- être un épilogue à l'offensive dans les quelques heures ou dans les tout prochains jours, tout au plus. Une hypothèse d'autant plus plausible que les forces armées russes ont procédé à une vaste opération de débarquement de milliers d'hommes au niveau du port de la ville de Marioupol. La prise de cette ville est une grande victoire des Russes, en raison de son caractère stratégique. Il faut savoir en effet, que Marioupol est un pôle majeur de production de céréales et d'acier. Outre qu'elle abrite d'importantes usines d'acier et un nombre appréciable d'unité de traitement de la production céréalière de l'Ukraine, le port de Marioupol approvisionne en produits sidérurgiques et en blé une bonne partie de l'Europe en sus de l'ensemble des autres régions de l'Ukraine. Ainsi, au deuxième jour de leur offensive, les Russes ont réussi à prendre le pays du président Zelensky à la gorge. Plus que cela, Moscou contrôle de fait, l'approvisionnement en blé et en acier ukrainien de l'Ukraine, de l'Europe et de nombreux autres pays. La mainmise russe sur l'économie du pays est d'autant entière que, selon la télévision qatarie, El Djazeera, tous les ports de l'Ukraine sont entre les mains des Russes ou rendus inopérants par les bombardements. Le résultat de deux premiers jours de l'offensive fait état d'un contrôle total de tous les accès à la mer. C'est dire que stratégiquement, Moscou tient l'Ukraine. Il reste que sur le terrain des combats, l'armée russe qui poursuivait méthodiquement, hier, ses opérations au sol, est confronté à une résistance de la part des militaires ukrainiens. Ces derniers ont empêché des indépendantistes pro-russes de progresser dans le nord du pays. Mais cette résistance ne change pas fondamentalement le visage de la guerre qui semble en faveur de l'armée russe qui a atteint tous ses objectifs. On retiendra au passage que les Russes ont lancé quelque 200 missiles balistiques depuis le début du conflit. Un rythme de frappe jugé massif par les spécialistes qui notent une progression sans réelle résistance. Un état de fait, expliqué par la précision des tirs de missiles longue portée qui ont sérieusement ébranlé le système de défense ukrainien. Lâchée par ses alliés de l'Otan qui s'étaient contentés de sanctions économiques, sans véritable impact sur l'économie russe, eu égard au soutien objectif dont Moscou bénéficie de la part de la Chine, l'Ukraine est visiblement en train de perdre la guerre. Les observateurs en veulent pour preuve que les succès remportés par les Russes sur le terrain des opérations, l'ont été avec seulement le tiers des forces mobilisées à la frontière. Face à l'efficacité de l'armée russe dans sa progression sur tous les fronts, le président ukrainien, n'a d'autres choix que de recourir à «des effets de manche» lors de ses sorties médiatiques. Il a annoncé, hier, avoir «enregistré des données de radiations préoccupantes à la centrale accidentée de Tchernobyl», tombée aux mains de l'armée russe la veille. Moscou, de son côté, a démenti l'assertion Zelensky affirmant que tout y était sous contrôle. D'autres annonces de la part de l'armée ukrainienne font état de destructions d'avions et plusieurs arrestations de soldats russes, sans qu'il n'ait été possible de confirmer ces informations. Le scénario de cette guerre semble être déjà écrit et l'Ukraine n'a, pour ainsi dire, aucune chance de sortir victorieuse de ce conflit au plan militaire, en tout cas. Au plan diplomatique, on retiendra la disponibilité communiquée par le président russe Vladimir Poutine d'envoyer une délégation dans la capitale bélarusse, Minsk, pour des pourparlers avec l'Ukraine. Le porte-parole du Kremlin qui a fait l'annonce conditionne de probables négociations par une reddition de l'Ukraine. Poutine a appelé l'armée ukrainienne à prendre le pouvoir. C'est d'ailleurs, ce qu'a déclaré, dans la journée d'hier, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. De son côté, le président ukrainien qui a fait état, la nuit dernière, de 137 morts et 316 blessés dans ses rangs, a invité les Européens ayant une expérience du combat à se rendre dans son pays «pour repousser l'invasion, après que le gouvernement a appelé les civils du pays à prendre les armes».