Les cours du pétrole se repliaient quelque peu hier dans les échanges matinaux en Asie, mais le recul était limité dans un marché qui reste dominé par les craintes d'une aggravation de la crise en Ukraine et de perturbation des livraisons de pétrole et de gaz russes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai perdait 72 cents à 103,33 dollars, en fin de matinée, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance cédait 49 cents, à 108,58 dollars. "Malgré le léger repli lors de la séance asiatique, les cours du pétrole se maintiennent solidement à un niveau élevé", a déclaré Tan Chee Tat, analyste chez Phillip Futures, à Singapour. "La crise en Ukraine ne va pas se débloquer et devrait continuer à soutenir les cours dans un avenir proche", a estimé l'analyste. Confrontée depuis samedi à des assauts visiblement coordonnés par des activistes pro-russes, mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, l'Ukraine apparait plus que jamais menacée d'éclatement entre l'est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe. Le Kremlin affirme recevoir de "nombreuses demandes" d'aide des régions de l'est ukrainien" et le président Vladimir Poutine suit la situation avec "beaucoup d'inquiétude". La veille, le pétrole coté à New York a terminé en légère hausse à l'issue d'une séance indécise, le marché hésitant entre la crainte d'une escalade de la crise en Ukraine et l'éventuelle reprise des exportations libyennes. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a gagné 31 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 104,05 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, a terminé à 109,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,74 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Les cours du WTI "sont restés dans une fourchette étroite pendant toute la séance", oscillant autour de l'équilibre, a remarqué James Williams de WTRG Economics. "Les investisseurs hésitent à s'engager étant donné l'incertitude autour de l'Ukraine ainsi qu'autour du moment et de l'ampleur de la reprise des exportations de pétrole par la Libye", a-t-il souligné. Confronté à des assauts menés depuis samedi par des activistes pro-russes mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, l'Ukraine apparaissait plus que jamais menacée d'éclatement entre l'est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe. Les Occidentaux accusent Moscou d'être l'instigateur des troubles, dénonçant les similitudes avec ce qui s'est passé au mois de mars en Crimée, rattachée à la Russie après l'intervention de groupes armés non identifiés. Mais plusieurs pays sont réticents à durcir les sanctions avant la réunion qui doit se tenir jeudi à Genève entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE). Parallèlement, les acteurs du marché pétrolier tablaient sur une reprise imminente des exportations d'or noir en Libye. Les autorités et les autonomistes ont en effet conclu la semaine dernière un accord pour la levée progressive du blocage des quatre terminaux pétroliers de l'est de la Libye, qui durait depuis des mois. Lundi, "les autorités ont indiqué que le port de Zwitina était rouvert et qu'un cargo d'une capacité de 1 million de barils était en train d'être chargé dans l'est du pays", indiquait Robert Yawger de Mizuho Securities USA. "Il faut toutefois prendre ces informations avec des pincettes car il est souvent arrivé qu'elles ne se concrétisent pas", ajoutait-il. Le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah El-Badri a déclaré vendredi à Paris qu'il tablait sur un retour à une production d'or noir d'un million de barils par jour en Libye d'ici à la mi-juin, contre moins de 250 000 barils par jour récemment. Plusieurs observateurs continuaient par ailleurs à mettre en avant la légère baisse, annoncée vendredi, de la production de l'Opep en mars par rapport à février, un facteur haussier pour les cours du brut. Les investisseurs ont également digéré un indicateur de bon augure pour la consommation de brut aux Etats-Unis: les ventes au détail y ont augmenté plus fortement que prévu en mars, signant leur plus forte progression depuis septembre 2012, selon le département du Commerce.