Les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse avant-hier vendredi. Le Brent a dépassé le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis octobre 2014, galvanisé par les tensions en Ukraine et au Moyen-Orient qui menacent l'offre. Surtout que Moscou dispose des statuts du deuxième producteur de brut au monde, et du plus important fournisseur de gaz naturel pour l'Europe. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars évoluait à 90,23 dollars le baril, en hausse de 2,30%, quelques minutes après avoir atteint un plus haut de 90,42 dollars. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois a conclu en hausse de 0,24% à 86,82 dollars. Pour Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, l'escalade de la situation en Ukraine avec la poursuite de l'impasse entre la Russie et les membres de l'Otan est largement à l'origine de la poussée des cours mercredi. L'invasion de l'Ukraine par la Russie est un facteur de risque important, observe, pour sa part, Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb, même si la plupart des observateurs estiment que la probabilité d'une invasion totale est faible. Mercredi, en évoquant une hausse des taux dès mars et de possibles montées successives ensuite, le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell avait relancé le dollar, ce qui avait momentanément affecté les prix du brut jeudi. Mais vendredi, note Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank, le Brent comme le WTI avaient rapidement récupéré leurs pertes, qui étaient de toute façon mineures. Les craintes d'une flambée des tensions géopolitiques ont déjà balayé les facteurs baissiers. La dynamique de l'offre et de la demande reste favorable et l'éventualité d'un conflit en Ukraine ne peut que soutenir les prix, observe, mercredi, l'analyste Craig Erlam d'Oanda dans son point de marché. Si les pourparlers diplomatiques échouent et si les sanctions sur les exportations d'énergie se matérialisent, l'incertitude persistante autour de la crise ukrainienne pourrait mettre en péril une partie importante des flux pétroliers russes. Les inquiétudes géopolitiques font craindre l'éventualité des perturbations qui pourraient affecter les chaînes d'approvisionnement énergétique depuis la Russie vers les marchés mondiaux, en cas d'offensive militaire russe contre l'Ukraine. Les tensions entre l'Ukraine et ses soutiens, à savoir l'Europe et les Etats-Unis, d'une part, et la Russie, d'autre part, sont toujours d'actualité, et ce, à la suite des accusations faisant état de la mobilisation russe de ses forces armées pour mener une offensive contre Kiev. Avant-hier vendredi, les Etats-Unis et l'Union européenne ont affirmé dans une déclaration commune qu'ils travaillaient à la fourniture de volumes additionnels de gaz naturel pour l'Europe, afin de faire face à un éventuel contre-coup d'une invasion russe de l'Ukraine. Et la semaine prochaine, les investisseurs vont aussi tourner leur regard vers la prochaine réunion de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires), prévue mercredi. Elle ne devrait pas ébranler les marchés, avec une nouvelle augmentation de 400.000 barils par jour pour mars déjà bien signalée, affirme Han Tan, analyste chez Exinity.