Les minimes et les cadets du MCA ont déjà raflé les titres mis en jeu en prélude de la big consécration. Trente-trois ans après, les deux clubs phares de la capitale MCA et USMA se rencontrent en finale de la Coupe d'Algérie. Un événement footbalistique capital dans la capitale. Le troixième du genre. Un duel entre deux clubs chargés d'histoire et de deux quartiers populaires pleins de vie et d'enthousiasme. Un derby aux relents d'une énième revanche. Un rendez-vous à ce stade de la compétition qui vient après ceux de 1971 et 1973 qui ont souri aux équipiers de Betrouni, Bencheikh, Bachi et consorts. Des nom qui rappellent à leur simple évocation des souvenirs impérissables restés gravés dans la mémoire de bien des générations d'Algérois. Tout comme les Keddou, Lalla, Meziani...Des artistes que notre football n'enfante plus. Entre Bab El Oued et Soustara l'histoire s'écrit au passé comme au présent. La Casbah, étant à la lisière entre les deux bastions, aura son coeur qui balance. Déjà parée aux couleurs légendaires du «vert et rouge» d'un côté et du «rouge et noir» de l'autre, Alger met ses plus beaux habits le temps d'une fête populaire locale qui fera, à coup sûr, de l'ombre au Mondial pourtant indétrônable de popularité. L'affiche vaut le déplacement. Cette saison semble sourire au MCA malgré une instabilité chronique dans sa sphère dirigeante. Les minimes et les cadets ont déjà raflé les titres mis en jeu. Les jeunes loups de Mekhazni qui se sont permis le doublé cette saison ont déjà annoncé la couleur. Amroune, Khaldi, Aberane et Kouider Oussama assurent la relève au grand plaisir des fans piaffant d'impatience d'afficher une suprématie toutes catégories. Un exploit qui restera gravé en lettres d'or dans l'histoire du football algérien. Et de tous les Mouloudéens, ceux de la Fondation Brahim Derriche, habituellement allergiques à la gestion de la direction actuelle du MCA ont, cette fois, mis les divergences de côté pour apporter un précieux soutien moral aux joueurs. La famille du Mouloudia est unie pour le sacre. L'USMA et ses fans ne sont nullement impressionnés. La foule ne les décourage point. Dziri et ses coéquipiers sont là, imperturbables, pour confirmer le règne des Usmistes ces dernières années. Fini le temps des sept finales perdues. Le signe indien est vaincu depuis longtemps. Cette finale vient au bon moment pour sauver une saison ratée. Allik, son président porte-bonheur est devenu un collectionneur de titres et entend bien la compléter. Si celui de champion lui a filé entre les doigts au profit de la JSK, ses joueurs comptent se racheter pour lui offrir, à lui et aux supporters, cette majestueuse Dame coupe. Les fiefs des deux formations bouillonnent de vie. L'ambiance est fiévreuse. les dédales de la Casbah ne désemplissent pas de bambins se chamaillant autour du sujet de l'heure. Bab Jedid, Rampe Vallée et El Kettar vibrent au rythme de la belle affiche. Dans le ventre de Bab El Oued l'heure est à la mobilisation générale. De la rue Nelson, rue Chambeau, Faison d'or, rue de la Perle, rue Mison et jusqu'aux Trois Horloges, le Vert et Rouge domine. Des emblèmes géants sont accrochés dans les balcons et sur les terrasses. Peu sont aux couleurs des Usmistes. C'est la loi du plus fort. En nombre de supporters bien sûr. Autre centre fort du MCA, le quartier de Zghara qui surplombe la belle baie de Bologhine. C'est aussi le repaire des Mouloudéens. Pas celui des «chnaouas» appellation que certains trouvent dégradante pour un club au passé prestigieux et chargé de faits d'armes. Doyen, le MCA s'identifie à l'Histoire de l'Algérie. Celle de la résistance et de la Révolution. C'était sa raison d'être. Les autres n'ont fait que suivre l'exemple. L'USMA a fait de même et donnant à Alger une autre raison d'être fière. Pas d'étonnement donc si ces deux galeries se confondent. Dans une même famille on trouve des fans des deux clubs. Mais la rivalité est extrême. Pas la moindre concession à faire d'un côté comme de l'autre. Les violences qui ont marqué ces dernières années les affiches algéroises ne sont qu'un greffage rejeté d'un corps vivant en harmonie depuis longtemps dans un environnement bariolé aux couleurs de deux teams. Les nouveaux adeptes des deux clubs n'ont pu intégrer cette donne. Au grand regret des purs inconditionnels imbibés des valeurs qui font des Algérois ce qu'ils sont. Fêtards, adversaires d'un jour et amis de quartier pour toujours. Nouveauté de l'année : on sillonne les rues d'Alger avec des fanions aux couleurs des deux clubs accrochés sur le capot des voitures. Un habillage « diplomatique » qui s'ajoute aux banderoles géantes qu'on exhibe pour impressionner l'adversaire. L'image d'Alger en effervescence n'est qu'un avant-goût de ce que sera la fête au stade mystique du 5 Juillet, témoin des grands derbys d'antan. Grande sera la foule. Grandiose sera la fête. Les milliers de fans qui garniront les gradins du stade seront à eux seuls un spectacle à voir. L'après-match en sera de même. Alger la joyeuse ne dormira pas cette nuit. Elle explose. Et fera de l'ombre à la fête planétaire.