Lors d'un rendez-vous avec des médias nationaux, en juin 2020, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait fait état de projets pour la mise en valeur des ressources naturelles et minérales autres que le pétrole et le gaz. Le chef de l'Etat affirmait que le pays regorgeait d'importantes ressources inexploitées, rappelant, à cet égard, que l'Algérie occupait la 3ème ou 4ème place au monde en termes de réserves, notamment pour l'or, le diamant, l'uranium, le cuivre et bien d'autres. «C'est inconcevable pour l'Algérie de ne pas exploiter ces ressources et d'interdire aux autres de le faire», a-t-il dit. «S'il est nécessaire de s'associer avec des pays amis dans ces projets, nous le ferons», a ajouté le président Tebboune. C'est désormais chose faite. En effet, le Groupe Industriel Engrais et Produits Phytosanitaires Asmidal (filiale de Sonatrach) et le Groupe Industriel Minier Manadjim El Djazair (Manal) d'une part, et les sociétés chinoises Wuhuan Engineering Co. Ltd et Yunnan Tianan Chemical Co. Ltd, d'autre part, viennent de donner le «la» pour le développement du projet phosphate intégré (PPI) en signant, hier, à Alger un Pacte d'actionnaires pour la création, en partenariat, d'une société par actions de droit algérien pour entamer les activités préliminaires relatives à ce projet. Le choix des deux partenaires chinois s'est fait suite à l'appel à manifestation d'intérêt ouvert, lancé par la partie algérienne en mai 2021. Selon un communiqué du Groupe Asmidal, la nouvelle société dénommée Algerian Chinese Fertilizers Company (Acfc), est détenue à 56% par la partie algérienne et à 44% par la partie chinoise. Premier projet intégré en Algérie dans le domaine de l'exploitation minière et la production d'engrais, le projet représente un investissement de 7 milliards de dollars, précise la même source. Le projet englobera le développement et l'exploitation du gisement de phosphates de Bled El Hadba, djebel Onk, wilaya de Tébessa, la transformation chimique des phosphates à Oued Kébérit, wilaya de Souk Ahras, la fabrication des engrais à Hadjar Soud, wilaya de Skikda, ainsi que des installations portuaires dédiées au niveau du port de Annaba. Les réserves des mines de phosphate de Tébessa (djebel Onk et Bled el Hadba) sont évaluées à 2,2 Mds tonnes. Le projet, une fois achevé, permettra à la nouvelle société de produite à terme 5,4 millions de tonnes d'engrais par an. Ce qui permettra à l'Algérie d'intégrer le cercle des plus grands producteurs de phosphate au monde. L'entrée en exploitation de ce projet devrait garantir des revenus en devises à hauteur de 1,9 milliard de dollars/an en exportation d'importantes quantités d'engrais. L'entrée en production de ce projet métamorphosera la région Est du pays et consolidera l'économie nationale. Le projet contribuera de ce fait au développement socio-économique de la région du fait qu'il permettra la création d'environ 12.000 emplois en phase construction et à terme, en phase exploitation, environ 6.000 emplois directs et 24.000 emplois indirects. Cette annonce survient au lendemain de l'audience accordée par le ministre de l'Energie et des Mines, Mohammed Arkab à l'ambassadeur de Chine en Algérie, Li Lianhe. Les deux parties ont, lors de cette rencontre, abordé les opportunités futures d'investissement et de partenariats, notamment l'exploration, la production des hydrocarbures, la prospection minière, les matières rares et la transformation des minerais. Elle intervient, également, deux jours après la visite à Pékin du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra. En outre, ce partenariat devrait être suivi par un second pour l'exploitation du projet de fer de Ghara Djebilet. L'exploitation de ce gisement estimé à 3,5 milliards de tonnes devrait aider à consolider l'industrie sidérurgique et réduire la dépendance à l'égard du pétrole.