Le baril fait des montagnes russes. La Chine a dicté ce parcours sinueux, en dents de scie des cours de l'or noir. Après avoir frôlé les 140 dollars le 6 mars sur le marché asiatique, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a chuté autour des 100 dollars, le 15 mars, avant de clôturer la semaine qui s'est achevée le 25 mars à plus de 120 dollars puis de débuter celle qui a commencé le 28 mars sur un plongeon de 6,77% à 112,48 dollars. Des pertes qui se sont accentuées, hier. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, s'échangeait à 110dollars vers 13h00. Un scénario qui ne s'est pourtant pas dessiné quelques heures plus tôt. La référence européenne, ainsi que le pétrole américain, tendaient plutôt à l'équilibre. Quels sont les causes de cette humeur changeante du baril? Les cours de l'or noir qui s'apprêtent à franchir de nouveaux sommets ont été «douchés» par le sommet extraordinaire de l'Otan consacré au conflit armé russo-ukrainien qui s'est tenu le 25 mars et se tiendra demain à Bruxelles dans le sillage d'un sommet du G7 et de l'Union européenne. Ces trois rendez-vous internationaux de premier plan n'ont pas débouché sur un embargo des exportations de pétrole russe alors qu'il en était question avec insistance. D'un autre côté, l'Agence internationale de l'énergie «bras armé énergétique d'une trentaine de pays pour la plupart occidentaux, importateurs de pétrole, envisage de libérer une nouvelle tranche de ses réserves d'urgence afin d'être moins dépendants du pétrole russe, a annoncé son directeur Fatih Birol. Cette perspective a fait baisser les cours: «Le marché anticipait qu'il y aurait un second tirage sur ces réserves. Ils n'ont pas encore cité de volume, on ne sait pas si ce sera à nouveau 60 millions de barils, mais ce qui sera une clé pour l'Europe qui a notamment besoin de diesel», a indiqué Andrew Lebow de Commodity Research Groupe. Il faut rappeler que les membres de l'AIE avaient déjà relâché début mars quelque 60 millions de barils, soit 4% de ces stocks. Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole qui a annoncé jeudi une augmentation d'environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre «aux demandes d'aide» de ses «alliés, aux prises avec des pénuries» en raison du conflit en Ukraine, a lui aussi contribué à tempérer les cours de l'or noir. «L'industrie canadienne a la capacité d'augmenter progressivement ses exportations de pétrole et de gaz d'environ 300.000 barils par jour (200.000 barils de pétrole et 100.000 barils d'équivalent pétrole par jour de gaz naturel), afin de remplacer le pétrole et le gaz russes», avait indiqué le ministre canadien des Ressources naturelles. «Nos alliés en Europe nous disent qu'ils ont besoin de notre aide pour s'affranchir du pétrole et du gaz de la Russie dans l'immédiat, tout en accélérant la transition énergétique continentale. Le Canada est particulièrement bien placé pour aider dans ces deux dossiers» a poursuivi Jonathan Wilkinson qui a participé à la réunion ministérielle de l'Agence internationale de l'énergie qui s'est tenue les 23 et 24 mars à Paris. Une situation qui contrarie la flambée exceptionnelle des cours de l'or noir à laquelle s'est greffée la résurgence de l'épidémie de Covid-19 en Chine. À Shanghai notamment. La capitale économique chinoise, qui compte 25 millions d'habitants, affronte sa pire flambée de Covid-19 depuis deux ans, a imposé un confinement strict à ses habitants. «La chute des prix (du pétrole Ndlr) s'explique avant tout par les inquiétudes concernant la demande, maintenant que la ville de Shanghai, métropole chinoise, est entrée dans une phase de confinement partiel» a souligné Carsten Fritsch, analyste du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. L'or noir va-t-il virer au rouge? Wait and see...