L'Iran a averti, hier, que ses négociateurs ne retourneraient à Vienne que pour finaliser un accord avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire, marquant ainsi son agacement face à des pourparlers qui s'éternisent. Lancées en avril 2021 mais suspendues à plusieurs reprises, ces négociations visent à sauver le pacte international de 2015 censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, objectif nié par Téhéran, en échange de la levée de sanctions asphyxiant son économie. L'accord de 2015 s'est délité après le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de Donald Trump suivi du rétablissement de sanctions américaines contre l'Iran, qui, en réaction, s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire dans ce pacte. L'actuelle administration américaine de Joe Biden veut revenir dans l'accord à condition que Téhéran renoue aussi avec ses engagements tout en les élargissant. Et l'Iran exige la levée des sanctions et le retrait des Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, de la liste noire américaine des «organisations terroristes étrangères». «Nous ne nous rendrons pas à Vienne pour de nouvelles négociations mais pour finaliser un accord sur le nucléaire. Il faut donc attendre la réponse de Washington», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran. «Pour le moment, nous n'avons pas encore de réponse définitive de Washington. Si Washington répond aux questions en suspens, nous pouvons nous rendre à Vienne dans les plus brefs délais», a-t-il ajouté. L'Iran a négocié dans la capitale autrichienne avec la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne pour sauver l'accord de 2015 encadrant son programme nucléaire civil. Les Etats-Unis, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec l'Iran, ont participé indirectement aux négociations de Vienne, via l'Union européenne qui coordonne les pourparlers. Ces dernières semaines, les négociateurs à Vienne ont soufflé le chaud et le froid sur ces discussions, certains allant jusqu'à annoncer un accord imminent. Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a lui-même déclaré qu'un accord était «proche» au cours d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Mais d'ajouter: «Nous avons transmis au côté américain via le négociateur de l'UE nos propositions sur les questions en suspens, et la balle est à présent dans le camp des Etats-Unis.» Les discussions de Vienne ont permis de lever l'essentiel des obstacles mais butent toujours sur certaines questions épineuses. Parmi ces questions, le retrait des Gardiens de la Révolution de la liste noire américaine sur laquelle ils ont été inscrits par l'administration Trump. Fin mars, l'émissaire américain Rob Malley a déclaré que Washington maintiendrait les sanctions à l'encontre des Gardiens, même en cas d'accord sur le nucléaire. Ils «resteront sanctionnés par la loi américaine et notre perception (d'eux) restera inchangée», a-t-il dit. Mais selon plusieurs experts à l'étranger, cette déclaration ne signifie pas que les Américains refusent de les retirer de leur liste noire, car les dirigeants des Gardiens de la Révolution resteraient de toute manière sous le coup d'autres sanctions. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a expliqué fin mars que des difficultés ''collatérales'' non résolues pouvaient faire échouer les négociations de Vienne».(...) Un élément collatéral, la qualification de certaines institutions iraniennes comme organisation terroriste n'est pas résolu», a-t-il dit.