Réélu sans surprise pour un deuxième et dernier mandat, Emmanuel Macron planche maintenant sur le choix d'un nouveau gouvernement, conduit par un Premier ministre qui aura pour tâche de concrétiser les promesses d'une politique «renouvelée» et, surtout, de préparer la prochaine élection des législatives, ô combien importante pour la suite des évènements. Il s'est donné pour cela «une semaine» de réflexion, le temps de cerner l'ensemble des tenants et des aboutissants d'une présidentielle qui ne ressemble en aucune manière à celle de 2017, lorsqu'il avait triomphé à la surprise générale. À cette époque, il incarnait déjà le renouveau, faisant irruption dans une arène politique qui ne l'attendait guère et dont il a aussitôt creusé la fosse avec une formation tout juste née, la République en marche (LREM) entrée avec force à l'Assemblée nationale pour lui apporter une confortable majorité. Depuis, la formation est loin d'avoir une assise reconnue sur l'ensemble du territoire et c'est pourquoi la grande question reste de savoir si l'exploit d'hier pourrait être encore celui de demain. En 2017, faisant miroiter l'espoir de grands bouleversements, Macron avait largement débauché les électeurs du centre droit alors que ceux du centre gauche lui étaient par avance acquis. Telle n'est pas, aujourd'hui, la configuration car, durant les cinq années écoulées, il y a eu des crises, des affrontements avec les Gilets jaunes, la pandémie de Covid-19 et, plus récemment, le conflit en Ukraine. Autant de facteurs qui ont contribué à complexifier la donne et accroître les désillusions, de sorte que le score obtenu (21,9%) par le chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon n'est pas vraiment une surprise, même sil n'a, à aucun moment, été envisagé par les instituts de sondage qui situait le candidat à moins de 7%. Du coup, Macron semble décidé à ouvrir le jeu, en gardant ouverte la coloration politique des futurs membres du gouvernement, y compris le Premier ministre. Selon la REM, il ne cherche pas «un chef de guerre pour les législatives mais celui qui sera capable de faire avancer le pays pour les trois années à venir». Peut-être. Mais pour pouvoir «rassembler», au-delà des clivages politiques, il faudra bien, d'abord, surprendre. Or, on parle déjà de ministres sortants comme celle du Travail, Elisabeth Borne, celui de l'Economie, Bruno Le Maire, ou de l'Intérieur Gérald Darmanin tandis que l'hypothèse Christine Lagarde, de la Banque centrale européenne, paraît exclue. Quant à rallier des figures de la gauche, le pari est loin d'être gagné. Sous la poigne de Jean-Luc Mélenchon, celle-ci est en train de se mettre en ordre de bataille pour les législatives, prévues les 12 et 17 juin prochain. Les tractations entre la France insoumise, les Verts, le PCF et le PS vont bon train et le ton est à l'optimisme pour ce qui est d'imposer une cohabitation qui serait synonyme de revanche. Comme s'il s'agit d'une course de fond, Mélenchon et, de son côté, la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen ont déjà entamé le sprint, histoire de ne laisser aucune part au hasard. Selon deux sondages parus dimanche dernier, une majorité de Français ne veut pas que la REM remporte le troisième tour que constituent les législatives (63% selon OpinionWay et 56% selon Ipsos Sopra-Steria). Les jeux sont ouverts.