De nouvelles alternatives à la peine de prison pour les femmes vont être soumises au ministère de la Justice. Le ministère de la Justice envisage de prendre de nouvelles dispositions qui légifèrent la violence à l'égard des femmes. C'est du moins ce qu'a laissé entendre, hier, la vice-présidente du Réseau juridique des femmes arabes (Rjfa), Mme Zoubida Assoul qui était l'invitée du forum d'El Moudjahid. Elle révélera que plusieurs associations ont déposé des propositions, dans ce sens, au niveau du ministère de la Justice. «Nous sommes en train de sensibiliser les pouvoirs publics afin de prendre des dispositions spécifiques à la violence contre les femmes», a-t-elle indiqué. En effet, à se référer aux chiffres donnés par la ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine, il ressort que 9000 femmes sont battues dont 73% dans le milieu familial alors que 50% sont des femmes mariées et 26% analphabètes. La moyenne d'âge, quant à elle, est estimée à 32 ans. Côté agresseur, les statistiques montrent que, dans la plupart des cas de violence, l'auteur est le mari, alors que la nature de cette agression se résume dans plus de 60% des cas à des coups et blessures volontaires. Les agressions psychologiques représentent un vingtième des cas, tout comme les violences sexuelles, dont la moitié sont des viols. Ces chiffres qui sont en perpétuelle augmentation n'ont pas laissé, néanmoins, les pouvoirs publics sans réaction. Ces derniers sont déterminés à lutter contre ce phénomène en recourant à un organisme qui se penchera sur cette question. L'alarmante réalité décrite par les chiffres peut s'expliquer par des mentalités souvent archaïques en Algérie, qui restent convaincues que le mari a droit de vie et de mort sur son épouse. Le code de la famille, avant d'être amendé, a encouragé ce genre de comportement d'un autre âge, puisque certaines de ses dispositions ne sont que des devoirs des femmes envers leurs époux et les parents de ces derniers. Chose qui a amené l'invitée du forum à considérer le nouveau code de la famille comme positif vis-à-vis des droits des femmes. Elle a insisté d'ailleurs sur la question de la polygamie en Algérie qui, a-t-elle estimé, doit être interdite. Le phénomène en question, bien qu'il soit, selon des recoupements, marginal, n'en ajoute pas moins au désarroi des centaines de jeunes femmes contraintes à partager un homme qu'elles ont appris à chérir et probablement à aimer. L'amendement apporté au code de la famille a dressé des barrières devant les hommes, tentés par d'autres aventures, en les obligeant à avoir le consentement de la première épouse. Evoquant le rôle du Réseau juridique des femmes arabes, Mme Assoul dira que ce dernier permet d'échanger les expériences juridiques et de comparer l'application de la législation dans les pays arabes. Mme Assoul a exprimé, par ailleurs, sa satisfaction quant au taux de femmes magistrats dans notre pays qui est de 35% alors qu'aux Etats-Unis, il avoisine les 20%. Elle a annoncé, en outre, la tenue du congrès des femmes juristes arabes les 28, 29 et 30 juin prochains. Cette manifestation qui a pour thème «La femme juriste et l'Etat de droit» regroupera des représentantes de 16 pays arabes. Les sujets débattus porteront essentiellement sur la propriété intellectuelle et la femme dans le monde carcéral. Sur ce dernier point, les participantes émettront des propositions sur de nouvelles alternatives à la peine de prison pour les femmes, propositions qui vont être soumises au ministère de la Justice.