La violence à l'égard des femmes prend des proportions de plus en plus alarmantes dans le monde. Les femmes sont souvent la cible de maltraitance physique, morale ou de guerre. La violence entoure l'univers féminin tel un cercle de feu dont la femme ne peut se défaire qu'avec des séquelles ou au prix de sa vie. Afin d'extraire la femme de ce cercle ravageur et réducteur, Amnesty International (AI) vient de lancer une campagne de sensibilisation pour dire halte à la violence contre les femmes. Le bureau Algérie d'AI a organisé hier une rencontre avec la presse autour de cette campagne de solidarité avec la femme maltraitée. « Il s'agit d'un phénomène qui convient de prendre très au sérieux. Les femmes subissent toutes formes de violence, pas seulement physiques, mais aussi verbales, chez elles ou dans la rue. Il convient de la protéger à travers des mécanismes, notamment la loi », explique Mahieddine Bachir, directeur exécutif d'Amnesty Algérie. En termes de mécanismes, ce même responsable pense à une campagne de pression sur le gouvernement algérien afin de l'amener à rendre plus sévères les peines à l'encontre des agresseurs. « Nous comptons rendre destinataire le ministre de la Justice ainsi que les parlementaires d'une lettre appelant à l'aggravation de la peine requise dans les cas de violence contre les femmes. Il est inconcevable qu'un homme qui a une altercation avec son voisin écope de la même peine de six mois de prison que lorsqu'il s'en prend à sa femme ou sa compagne. Il faut que la peine soit plus lourde afin qu'elle devienne un mécanisme de dissuasion et qu'il réfléchisse à deux fois avant de passer à l'acte de violence contre sa femme. » Sécurisation des écoles L'autre démarche de sensibilisation que compte entreprendre AI Algérie se fera auprès du ministère de l'Education nationale afin de sécuriser les lieux de transmission du savoir. « Un peu partout dans le monde, de nombreuses fillettes vont à l'école la peur au ventre, elles se font agresser sur le chemin de l'école ou à l'intérieur même de leur établissement », souligne un rapport d'AI que Mahieddine Bachir prend en exemple afin de plaider pour la sécurisation des écoles. Le représentant d'AI se gardera toutefois d'évoquer le code de la famille comme une forme de violence exercée par la loi contre la femme algérienne, en justifiant qu'il appartient à d'autres acteurs de dénoncer. Ne faut-il pas d'abord que la loi considère la femme algérienne comme citoyenne à part entière pour que l'homme ne se donne plus le droit d'avoir un droit de vie ou de mort sur elle ? Ne faudrait-il pas que la loi lui garantisse sa protection pour qu'elle ne soit plus l'objet de mépris, de dédain ou mineure à vie ? Qu'elles soient exercées par la famille, par la collectivité ou par l'Etat, les violences contre les femmes sont toutes condamnables et à dénoncer. Des violences faites aux femmes, la déclaration internationale sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes énumère « tous les actes de violence dirigés contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée ». Il est à signaler qu'une femme sur trois dans le monde est victime de violence sexuelle, et deux femmes sur trois sont victimes d'agression au sein de leurs familles. Sans distinction de pays ni de catégories sociales, la femme dans le monde est une cible facile. « On peut oublier la douleur physique mais pas la souffrance morale », disent ces femmes victimes filmées par les caméras d'AI. Que ce soit le témoignage poignant de cette Congolaise victime d'un viol collectif commis par des soldats, ou celui de cette Namibienne aveuglée par son mari, ou encore celui de la Tunisienne Sihem Bensedrine torturée par la police politique, pour ne citer qu'elles, la douleur a la même consonance. Si en Algérie, la Gendarmerie nationale a traité pour les deux premiers mois de l'année en cours 8928 affaires liées à des violences contre les femmes, la Russie enregistre 4 millions de femmes portant plainte chaque année pour violence et agression. Six Françaises meurent chaque mois du fait de violences conjugales. Deux millions de fillettes sont mutilées chaque année. Ces chiffres sont effrayants et la réalité est malheureusement beaucoup plus effroyable.