C'est au forceps et dans la douleur que le Parti socialiste français a approuvé, hier, l'accord d'union avec la gauche radicale pour les législatives de juin prochain, les débats ayant été très agités et la menace d'une implosion n'étant pas à écarter à un moment ou un autre. Des ténors comme l'ancien président Français Hollande ou les anciens Premier ministre Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve qui a consommé sa menace de quitter le parti ont bruyamment contesté la démarche. L'accord dit Front de la gauche va donc regrouper la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui avait obtenu, contre toute attente, 21,9% des voix à la récente présidentielle, le parti communiste et les écologistes devraient cristalliser l'ambition d'une large partie de la gauche française de revenir aux affaires avec une majorité des 577 sièges que comprend l'Assemblée nationale. Tel est l'objectif majeur des scrutins du 12 et du 19 juin prochain, Mélenchon appelant à l'union sacrée en indiquant qu'une telle démarche, avant la présidentielle, aurait assuré sa présence au deuxième tour. Sous le slogan de «nouvelle union populaire écologique et sociale», la coalition qui vient de naître, malgré des difficultés réelles tant les objectifs et les ambitions partisanes ou individuelles divergent, juge à portée de voix le partage du pouvoir avec le centre libéral, incarné par le président renouvelé Emmanuel Macron dans un contexte habituel qui voit les électeurs mobilisés contre la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen. Le but est jugé irréaliste par les politologues mais rien ne dit qu'ils ne seront pas déjugés par les résultats des législatives. Cependant, le fait que le Conseil national du PS ait validé l'accord par 167 voix pour, 101 contre et 24 abstentions incite effectivement à la prudence, dans la mesure où cela préfigure une certaine tiédeur d'une partie des socialistes envers Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise. Bien qu'il ait obtenu plus de circonscriptions que le PCF, pourtant largement mieux loti par les résultats de la présidentielle, le PS traverse une crise de conscience qu'ont illustré 4 h de débats acharnés dont son premier secrétaire Olivier Faure espère qu'ils apporteront «une clarification». Si pour beaucoup, ce choix signifie un «retour à gauche» dont le PS était «sorti pour n'être plus fréquentable», d'autres grincent des dents et parlent d'un abandon de la «doctrine» du parti, voire d'une repentance. Totalement laminé par le résultat de la dernière présidentielle, dont il est ressorti sous la barre des 2% de voix, le PS qui a poursuivi la descente aux enfers depuis 2017 et les 6% de Benoît Hamon, a saisi à bras le corps la planche de salut offerte par Mélenchon qui se voit reconnu par plusieurs maires socialistes de grandes villes dont Martine Aubry, figure historique du parti. À leurs yeux, le succès inespéré de Mélenchon, en avril dernier, confirme que l'électorat de gauche aspire, plus que jamais, à l'union sacrée pour le changement.