La composition du nouveau gouvernement français a été dévoilée hier après-midi, près d'un mois après la réélection d'Emmanuel Macron à la Présidence et trois semaines avant les élections législatives. L'annonce a été faite par «le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, à 16h15» (14h15 GMT). Parmi les noms de ce gouvernement, l'actuelle ambassadrice au Royaume-Uni, Catherine Colonna, devait être nommée ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Jean-Yves Le Drian, a-t-on appris de source proche du dossier. Mme Colonna, une diplomate chevronnée, a déjà été ministre sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007). Par ailleurs, l'actuel secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, conserverait son poste, selon cette source. Le premier Conseil des ministres se tiendra lundi autour du président centriste libéral, réélu pour un second mandat le 24 avril, avec 58,55% des suffrages. Le casting gouvernemental sera scruté de près, notamment en matière de parité, la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne - seulement la deuxième femme à ce poste en France - ayant insisté sur l'importance de l'égalité femmes-hommes. Les nouveaux ministres français des Affaires étrangères et des Armées, Catherine Colonna et Sébastien Lecornu, prennent leurs fonctions dans un contexte diplomatico-militaire sans précédent. La diplomate chevronnée Catherine Colonna est à la tête d'un ministère surchargé de crises, au premier rang desquelles l'Ukraine naturellement, mais aussi le Mali, grosse épine dans le pied de la France et plus largement le Sahel, ravagé par la menace terroriste. Sur l'Ukraine, la nouvelle cheffe de la diplomatie prend ses fonctions au moment où la France achève de présider l'Union européenne, dont l'unité commence à vaciller et qui a échoué à adopter un sixième paquet de sanctions incluant un embargo contre le pétrole russe, en raison de l'opposition de la Hongrie. Sur le flanc sud, le Mali constitue un autre dossier brûlant. Secoué par deux putschs en août 2020 et mai 2021, le pays a progressivement coupé les liens avec la France et les autres pays européens engagés militairement sur son sol, et s'est tourné vers la Russie. Les relations avec Bamako se sont progressivement détériorées ces dernières années jusqu'à devenir exécrables et aboutir à l'annonce du retrait du pays de la force Barkhane, après neuf ans de présence militaire française. Cette très lourde et complexe opération logistique, qui doit s'achever en août, figure parmi les dossiers prioritaires du nouveau ministre des Armées Sébastien Lecornu qui succède à Florence Parly, alors qu'environ 4 500 militaires français sont encore déployés au Sahel, dont plus de 2 000 au Mali. Inconnu du monde des armées, le nouveau ministre, fidèle soutien d'Emmanuel Macron devra également superviser la réorganisation des forces françaises en Afrique de l'Ouest, dans une logique de partenariats plus discrets contre la menace terroriste. Une des missions du ministre de 35 ans sera aussi d'appuyer les exportations d'armement. Ces ventes ont atteint un montant record de 65 milliards d'euros ces cinq dernières années et sont jugées primordiales pour assurer l'équilibre budgétaire des programmes d'armements français. Sur le plan industriel, Sébastien Lecornu devra remettre enfin sur les rails les coopérations industrielles engagées avec l'Allemagne en 2017 et en souffrance depuis de nombreux mois. Les projets de futur avion de combat (Scaf) et de char de bataille (MGCS), présentés comme essentiels au maintien d'une base industrielle européenne compétitive à long terme, sont encalminés dans des rivalités entre industriels sur le partage des tâches. Un gouvernement resserré, en attendant de probables recrues supplémentaires dans la foulée des élections législatives. Jean-Michel Blanquer, Olivier Véran,, poids lourds de la précédente équipe, ont été remerciés par le locataire de l'Elysée. Darmanin, Attal, Dupont-Moretti rempilent, Pap Ndiaye et Amélie de Monstchalin arrivent, tout comme Rima Abdulmalak, une Franco-Libanaise à la Culture. Macron en lien avec la Première ministre a dû manier de subtils équilibres entre la promesse de renouvellement, la volonté d'élargir, le respect de la parité et d'une diversité de profils, le besoin de conforter quelques personnalités.