L'Algérie récolte, désormais, les fruits de sa politique de développement des céréales. L'on annonce déjà des moissons abondantes pour cette année. Le pays devrait réaliser une récolte «record» de céréales cette saison 2021-2022 par rapport aux six dernières campagnes. La bataille du blé est-elle gagnée pour autant? S'interrogent les observateurs, surtout que les agriculteurs font face à un écueil de taille, celui de l'écoulement, dans des délais raisonnables de leurs récoltes. Nombreux sont les fellahs qui se sont plaints de faire le pied de grue devant les Offices algériens interprofessionnels des céréales (Oaic), et signalent des frais induits par ce temps d'attente qui peut aller jusqu'à cinq jours. Ces scènes de files d'attente sont jusque dernièrement devenues de «véritables cauchemars» pour les responsables locaux de l'agriculture, a-t-on constaté. Certes, l'Etat ne ménage aucun effort, ces dernières années, afin de débarrasser la filière céréales de ses problèmes d'antan. Le ministre a, d'ailleurs, mis en avant les moyens mobilisés par l'Etat pour appuyer l'opération du stockage encadrée par l'Oaic à travers ses coopératives agréées au niveau national, outre les moyens logistiques à l'image des moissonneuses et le transport et les structures de stockage facilitant ainsi aux agriculteurs de déposer leurs produits aux coopératives. Il a fait état, dans ce cadre, de 610 silos et points de stockage mobilisés à cet effet, rappelant que les capacités de stockage sont de l'ordre de 44,5 millions de quintaux, et 505 points de collecte de récolte équipés de tous les moyens nécessaires, a-t-il ajouté. Les experts, avertissent, toutefois sur la nécessaire maîtrise du circuit de stockage des céréales, lequel détermine in fine le volume total des récoltes. La culture du colza est l'autre expérience réussie dans la majorité des wilayas où elle a été introduite, et signe une seconde année de production réussie. À titre d'exemple, Souk Ahras est l'une des wilayas qui ont adopté avec force le programme colza, avec plus de 400 ha cultivés. «Une récolte record, surtout que le produit requiert une prise en charge technique particulière. Toutes les récoltes ont un itinéraire technique qu'il faut exploiter de manière optimale car ce paramètre se répercute sur le rendement des récoltes.» Apprend- on de source proche de la chambre de l'agriculture de la wilaya de Souk Ahras. Des agriculteurs qui ont bris à bras le corps la culture du colza se plaignent à leur tour d'avoir du mal à écouler leur production. Ce qui risque de remettre en cause le choix de la culture du colza. L'on rappelle qu'au cours de la saison 2021-2022, quelque 13 000 hectares de colza ont été emblavés contre 3 000 hectares la saison précédente. Si durant la saison 2020-2021, coïncidant avec la première expérience de la culture de colza, les autorités se sont félicitées des résultats, cette année, elle connaît des obstacles. Le colza est une plante mellifère par excellence, la culture de la graine de colza permet des utilisations multiples qui vont des engrais à l'aliment de bétail. Evoquant les produits oléagineux, notamment le colza produit par certains investisseurs, Mohamed Abdelhafid Henni a affirmé que les résultats préliminaires et les données de l'évaluation de la filière oléicole démontrent un bon rendement pour certaines wilayas et de faibles résultats pour d'autres, en raison de plusieurs facteurs, notamment le climat et la difficulté de son circuit technique. Il est question d'adopter une nouvelle orientation tendant vers l'introduction de l'huile de tournesol dans la catégorie des produits oléicoles à développer en plus du colza, a poursuivi le ministre, précisant que le tournesol était produit par le passé en Algérie et son circuit technique est plus facile que le colza. Henni a tenu, à l'occasion, à saluer les mesures «incitatives» décidées par le président de la République à l'effet de subventionner la filière céréales, rappelant que l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) achète désormais le blé dur des agriculteurs à 6 000 DA/quintal, le blé tendre à 5 000 DA et l'orge à 3 400 DA. Il a estimé, dans ce sens, que l'Algérie est «appelée» à consentir tous les efforts nécessaires pour garantir sa sécurité alimentaire, vu la situation géostratégique actuelle, d'autant que la filière céréalière connaît une importante augmentation des prix sur le marché international induite par une forte demande résultant des pressions géopolitiques actuelles, et ce à la faveur de l'intégration de tous les acteurs du secteur et leur accompagnement par les autorités publiques, à leur tête le Premier ministre.