De violents combats font rage dans l'est de l'Ukraine pour le contrôle de la région du Donbass où les forces russes encerclent la grande ville de Severodonetsk, pilonnée sans relâche, après la conquête de la localité clé de Lyman. Plus de trois mois après le début de l'offensive lancée par Moscou le 24 février dernier, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont demandé au président russe Vladimir Poutine - lors d'un entretien téléphonique - d'entamer des «négociations directes sérieuses» avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils lui ont aussi réclamé la libération des 2500 combattants ukrainiens qui s'étaient retranchés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol (sud-est) et qui se sont rendus aux forces russes. Le président russe a assuré que la Russie restait «ouverte à une reprise du dialogue» avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon le Kremlin. Sur le plan militaire, l'étau russe dans le bassin minier du Donbass se resserre, notamment autour de Severodonetsk. «La Russie a engagé tous ses moyens pour s'emparer de Severodonetsk ou empêcher toute communication entre la région et l'Ukraine», a affirmé, hier soir sur son compte Telegram le gouverneur de la région de Lougansk. «La semaine prochaine sera très dure», a-t-il admis. Le dirigeant de la République russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov a revendiqué quant à lui, hier soir sur Telegram que «Severodonetsk est sous notre contrôle total (...) La ville a été libérée». Un peu plus à l'ouest, le ministère russe de la Défense a confirmé, hier, la prise de contrôle de la localité clé de Lyman - qui ouvre la voie aux grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk, dans le Donbass. La défense territoriale de la République pro russe avait indiqué dès vendredi sur Telegram avoir «pris le contrôle complet» de Lyman, avec «l'appui» de l'armée russe. Les forces russes se concentrent dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de s'emparer totalement du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes pro russes soutenus par Moscou. Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, Vladimir Poutine a assuré, lors de sa conversation avec Macron et Scholz, que son pays était «prêt» à aider une exportation «sans entraves» des céréales de l'Ukraine. «La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire», indique un communiqué du Kremlin publié à l'issue de cette conversation téléphonique. Poutine assure, aussi, que les difficultés liées aux livraisons alimentaires ont été provoquées par «une politique économique et financière erronée des pays occidentaux, ainsi que par les sanctions antirusses», imposées par ces pays. Hier, à Marioupol, ville du sud-est que les Russes ont contrôlé définitivement la semaine dernière, un premier bateau cargo est entré dans le port, selon l'agence de presse officielle russe TASS citant un porte-parole de l'administration portuaire prorusse. Lors de l'entretien téléphonique, Vladimir Poutine a également jugé «dangereux de continuer à inonder l'Ukraine avec des armes occidentales», mettant en garde contre des risques de «déstabilisation ultérieure», selon le Kremlin. Des médias américains ont affirmé que Washington préparait la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) à longue portée à Kiev. Le porte-parole du Pentagone John Kirby n'a pas confirmé l'envoi des MLRS M270 - des véhicules modernes très mobiles d'une portée de tir de 300 km - évoqués par la presse. Mais il a assuré que les Etats-Unis continueraient à aider l'Ukraine à «l'emporter sur le champ de bataille». Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également réaffirmé le soutien de son pays, «y compris en aidant à fournir l'équipement nécessaire».