La wilaya de Blida recèle d'importants sites touristiques qui demeurent malheureusement inexploités. Les montagnes de Chréa avec leurs faune et flore ainsi qu'avec leur blancheur en hiver et leur climat modéré en été, les sources thermales et leurs excellentes qualités d'eaux du point de vue curatif de Bougara, de Larbaâ et de Mouzaïa, les paysages féeriques des montagnes «profondes» de Blida, connues pour être un véritable paradis sur terre ornementées par des chutes d'eau en abondance, Magtâa Lazreg avec ses oueds et forêts dans la commune de Hammam Melouane et le Ruisseau des singes de la Chiffa sont des sites parmi tant d'autres qui sont à la recherche, et de la manière la plus désespérée, d'investisseurs qui feront profiter davantage les touristes de ce que Dieu a donné à cette région du pays. Blida a, en dehors de sa vocation montagneuse et thermale et de sa proximité de la côte, un autre atout, celui des affaires, puisqu'elle est située dans un important carrefour, proche de la capitale, notamment de son port ainsi que de son aéroport surtout avec la construction d'un nouveau tronçon qui relie Blida à Dar El Beida sans passer par Bir Mourad Raïs. Elle est également un centre de transit par excellence qui relie l'Est à l'Ouest, le Nord au Sud et à l'arrière-pays, lui permettant de recevoir quotidiennement et «impérativement» des visiteurs venus des quatre coins du pays et de plus en plus de l'étranger. Elle possède également dans le cadre du tourisme religieux plusieurs anciennes mosquées dont Ibn Saâdoun et El Hanafi datant de plusieurs siècles ainsi qu'un nombre considérable de mausolées des awliyah assalihine à l'instar du saint patron de la ville des Roses qu'est Sidi El Kebir. Un marché porteur Les rares anciennes constructions arabo-mauresques et celles datant de l'époque ottomane qui résistent aux aléas du temps et de la nature peuvent attirer aussi la curiosité des «curieux» si elles sont bien restaurées et mises en évidence. Les Blidéens sont aussi connus pour les métiers traditionnels et l'artisanat dont les produits sont convoités par les «visiteurs» et qui riment à merveille avec le tourisme. Tous les atouts et toutes les chances sont là pour que Blida devienne une destination touristique par excellence. M.Mohamed El Ghoul, directeur du tourisme de la wilaya de Blida, nous dira que «la délimitation des zones d'extension touristique est en cours à Blida pour en faire de véritables pôles d'attraction et de tourisme. Ces derniers sont au niveau de Chréa, Bouarfa, Hammam Melouane et Guerrouaou.» Tout ça mérite donc plus de considération et d'attention pour la mise en évidence de ces sites et leur expansion avec la construction, notamment d'hôtels et de complexes touristiques, afin d'accueillir les visiteurs à la recherche, particulièrement de villégiature dans les hauteurs de Chréa, d'une remise en forme dans les stations thermales, d'un «ressourcement» et de la spiritualité dans les lieux de culte et des mausolées ou bien de commerce et d'affaires en cherchant le partenariat et les transactions commerciales avec les nombreux industriels et opérateurs économiques implantés à travers la wilaya tout en joignant l'utile à l'agréable. «Nous lançons un appel à tous les hommes d'affaires, nationaux ou étrangers pour investir dans l'hôtellerie car, vu les potentialités que recèle Blida, la demande va être de plus en plus croissante et le marché est vraiment porteur», rétorqua M.El Ghoul. Ce dernier nous informa que plusieurs opérateurs dans le tourisme ont sillonné la région de Blida comme c'est le cas dernièrement d'un groupe international spécialisé dans l'hôtellerie de haut standing, appelé «Protea Hotels», et ce afin de voir les potentialités que recèle cette wilaya avec d'éventuels projets d'investissement. Il ajoute: «Actuellement, nous veillons à la mise en conformité des hôtels qui existent à Blida en attendant la construction d'autres. Et dans le but de promouvoir notre région envers les touristes et les hommes d'affaires, nous confectionnons un compact disc (CD) avec des dépliants qui mettent en évidence la richesse de Blida sur le plan historique, patrimonial et surtout touristique en reflétant les différents sites et vestiges qui y existent». Le guichet unique de l'Agence nationale du développement de l'investissement (Andi) de Blida a été installé depuis plus de trois ans et l'investissement dans le tourisme, considéré comme un véritable développement durable figure parmi ses priorités. «Nous accordons des facilités appréciables à tous ceux qui veulent investir, notamment dans le créneau du tourisme, qui demeure encore vierge à Blida», nous dira Mme Mokraoui, directrice du guichet en question. Certes, les années 2000 ont été caractérisées par un retour progressif des touristes, pieds-noirs ou émigrés. Toutefois, on ne signale aucune volonté de la part des autorités locales pour regrouper ces personnes afin de leur expliquer notre politique en matière d'investissement et de leur proposer des créneaux qui nécessitent des investissements, notamment celui du tourisme. Dans ce sens, un nombre considérable de nos émigrés qui viennent en Algérie durant la saison estivale ne savent pas où placer leur argent, d'où la nécessité de les rassembler et leur expliquer l'importance de l'investissement pour eux ainsi que pour leur pays. Par ailleurs, le développement du tourisme est aussi une affaire de toutes les administrations, notamment celles du transport, de l'urbanisme et des collectivités locales afin que le touriste ne soit pas «choqué» ou «agressé» par l'anarchie et toute forme de pollution, qu'elle soit visuelle, sonore ou atmosphérique. «L'état du transport est très désordonné à Blida, et ce avec une absence d'un plan de circulation digne de ce nom. Nous menons actuellement un travail à travers lequel on va réguler, d'ici la rentrée sociale, ce créneau où les normes du travail, la qualité du service et l'équilibrage entre les lignes seront au rendez-vous», répondit M.Bensalem, nouvellement installé à Blida comme directeur du transports. Dans ce sens, la ville des Roses souffre énormément de son transport, caractérisé par l'anarchie et la politique de la course contre la montre au détriment du confort des voyageurs. Ses rues sont souvent bondées de bus, pas très esthétiques et agréables à voir et qui sont, dans la majorité des cas et vu leur état, une source d'accidents et de pollution sonore ou environnementale. Cette image parmi tant d'autres, qui n'est pas «admirable» du tout, doit impérativement changer car le développement touristique dans une ville nécessite une circulation bien fluide et organisée avec un réseau de transport répondant aux normes les plus fondamentales. Concernant l'urbanisme qui constitue le talon d'Achille du tourisme, les autorités locales semblent prendre au sérieux ce problème même si les dépassements dans ce domaine font toujours l'actualité. D'après un bilan établi par la direction de l'urbanisme et de la construction de la wilaya de Blida, 155 sites abritant 9150 habitations précaires et bidonvilles sont éparpillés un peu partout à travers la wilaya «gâchant» ainsi la vie de ses occupants et l'environnement en créant une pollution visuelle. Un programme de relogement de ces familles est programmé afin d'éradiquer ces constructions de la honte où chacun sera orienté vers la formule qui lui convient, c'est-à-dire, sociale, participative ou rurale, et ce, avec une remarquable aide de l'Etat (financement ou octroi de terrain). D'ailleurs, et dans le but de stopper la reconstruction des baraques au niveau des sites sus-cités, des places et jardins publics, pépinières et espaces verts, y seront implantés d'ici la fin de la décennie en cours. La réalisation d'habitations modernes, ensemble de services avec équipements récréatifs et d'accompagnement nécessaires y est également envisagée afin de mettre fin à la malédiction des bidonvilles et de ne pas tomber encore une fois dans le piège des cités dortoirs, qui demeurent la source de tous les maux. Les collectivités locales doivent, par leur part, veiller à la propreté des villes et s'impliquer dans la promotion des sites touristiques à travers des manifestations et des jumelages avec d'autres mairies étrangères. Le rôle du simple citoyen est aussi important afin de donner une bonne image de sa ville. Il doit faire preuve de civisme pour que sa localité soit propre et loin de toutes les pollutions (sonore, visuelle, environnementale, etc.) comme il doit posséder «l'art» de communiquer avec les touristes. Les collectivités locales doivent également et à leur tour veiller à la propreté des villes tout en essayant de leur donner un cachet bien particulier. A Blida, les constructions semblent être de plus en plus loin des normes et au détriment de son esthétique d'où il y a nécessité de préserver le cachet local et de préserver les maisons originales qui menacent ruine ou qui sont souvent démolies pour construire à leur place des R+3 au minimum, souvent «fades» et manquant d'esthétique. Les petits métiers: source de tourisme par excellence Les métiers doivent également être revalorisés pour que le touriste trouve un produit original à acheter représentant un souvenir par excellence de la région, et ce en concurrençant les produits chinois qui sont omniprésents et qui font fureur ici ou ailleurs. D'ailleurs, et dans le but de rehausser un des métiers les plus connus dans la ville des Roses depuis longtemps, le premier Salon de la distillerie des fleurs et des plantes a eu lieu tout récemment à Blida en présence de 30 exposants venus de plusieurs régions du pays dont Tipaza et Constantine, connues aussi par leur savoir-faire dans ce métier. Organisée par la direction de la PME-PMI et de l'artisanat de la wilaya de Blida, cette manifestation visait à promouvoir le métier de la distillation touchant différentes plantes, herbes et fleurs afin d'en tirer les huiles essentielles et l'eau et qui caractérisait la vie quotidienne des Blidéens. Ces derniers avaient un savoir-faire avéré dans ce domaine, symbole de toute une civilisation et qui a tendance à disparaître en ces temps modernes. Qui, à Blida ne connaît pas l'eau de rose ou l'eau de fleurs d'oranger qui sont extraites de ces dernières. Et dire que l'existence de la ville des Roses et des agrumes qu'est Blida, avait créé auparavant plusieurs métiers en rapport avec sa vocation. Aujourd'hui, les roses sont rares et chères et sont remplacées par le béton qui sévit en pleine vitesse dans la Mitidja. La jeune génération semble, pour sa part, fuir la relève de ce métier qui demande patience et savoir-faire, d'où il y a nécessité de multiplier ce genre d'initiatives afin de promouvoir ce genre de métier et par ricochet le tourisme et de penser même à l'exportation en ces temps de mondialisation. Dans ce sens, un simple touriste, et à travers ses achats, peut nous donner une idée sur les produits qui sont demandés par ses concitoyens et à partir de là, notre artisanat et nos produits traditionnels peuvent conquérir le monde. Une manière de promouvoir Blida et ses produits à l'étranger comme c'est le cas de Dijon, d'Agen et de Limoges en France connues respectivement pour leur moutarde, pruneaux et porcelaine. Chez nos voisins, des villes ont connu un essor touristique grâce à des produits qui y sont fabriqués depuis des siècles comme c'est le cas de la tannerie à Fès au Maroc ou du tapis à Kairouan en Tunisie. Et dire encore une fois qu'un simple produit peut promouvoir «touristiquement» une ville. L'exemple de la ville des Roses est édifiant pour ce qui est du métier de la distillation florale et de la fabrication des huiles essentielles dans la mesure où ça va à merveille avec sa véritable vocation puisée dans les profondeurs de la Mitidja. Dans ce sens, les distilleries qui existaient auparavant et qui ont été délaissées à une certaine période semblent être réhabilitées grâce à l'implication du privé. Dans ce sens, la wilaya de Blida, qui recèle trois distilleries, à Larbaâ, Chebli et la Chiffa, a connu le développement de la distillerie de la Chiffa suite à l'investissement d'une société privée, dénommé Extral-bio. Elle a été créée en 2005 et chargée de l'extraction des huiles essentielles des différentes plantes et herbes. Selon le directeur de la PME-PMI et de l'artisanat de la wilaya de Blida, une administration fortement impliquée dans le développement touristique, ce genre de manifestation entre dans le cadre de la réhabilitation des métiers traditionnels et de l'artisanat initiée par le ministère de tutelle, tout en annonçant que ce genre d'initiatives sera régulier afin d'encourager davantage ceux qui veulent mettre un pied dans ces métiers. Blida a la chance de posséder, donc, un immense espace très riche en végétation qu'est le parc de Chréa, et ce métier peut facilement prendre un essor si on encourage l'ouverture des distilleries à titre d'exemple et la prise en charge des jeunes diplômés, une manière de créer de l'emploi, de faire renaître des métiers qui risquent la disparition et de contribuer à l'émergence du tourisme. Melle Felidj, chercheuse au niveau du laboratoire de recherches agronomiques de l'université de Blida et préparant un doctorat portant sur les plantes et leurs relations avec le patrimoine et l'ancien mode de vie à Blida nous dira que Chréa, du piémont jusqu'à son point culminant, possède des étages végétaux différents qui changent à chaque fois qu'on va vers les hauteurs et inversement. L'Algérie est une vaste encyclopédie de plantes avec ses multiples climats et microclimats où tout peut être planté. La Mitidja, surtout, est un véritable paradis floresque qui ouvre énormément de perspectives aux chercheurs désirant se lancer dans ce créneau en conciliant recherche scientifique avec préservation de notre patrimoine, dira-t-elle. Cette richesse qui a donné depuis des siècles le fameux plat typiquement blidéen qu'est El Hammama fait à base de plantes diverses, peut également intéresser les chercheurs étrangers qui venaient durant les années 80 au parc de Chréa pour leurs recherches et thèses et qui hésitent maintenant à revenir en gardant toujours un cliché noir sur les montagnes algériennes. Voici une autre forme de tourisme qui a de beaux jours devant elle. Celle du tourisme scientifique et écologique. Et dire, encore une fois, que rien ne pardonne Blida si cette dernière ne devient pas une destination touristique par excellence.