Les hommes d'affaires arabes ne sont pas des philanthropes. En novembre prochain, du 12 au 14 du mois, se tiendra à Alger, plus exactement à l'hôtel Hilton, le 10e congrès de l'Union des hommes d'affaires arabes, soit à peine dans quatre mois. Ce rendez-vous est précédé par la conférence des cadres de la nation, que réunit le chef de l'Etat. Y a-t-il un quelconque lien entre ces deux rendez-vous? En fait, tellement d'obstacles à l'investissement algérien ou étranger apparaissent au niveau des wilayas et des collectivités locales qu'il est urgent de défricher le terrain et de préparer les meilleures conditions à la réussite des projets économiques proposés par les opérateurs économiques algériens ou par les partenaires étrangers. Le foncier arrive largement en tête des problèmes rencontrés par les investisseurs étrangers. Or, ce problème se pose surtout au niveau des wilayas, et le wali est l'une des clefs, pour ne pas dire l'un des verrous de ce dossier épineux. On pourrait également faire un rapprochement entre le congrès des hommes d'affaires arabes et la rencontre sur les perspectives de développement de la coopération entre les villes et les régions euro-méditerranéennes, ouverte samedi à Alger, à la tribune de laquelle le ministère des Affaires étrangères M.Mohamed Bedjaoui, a déclaré qu'en dix ans de partenariat euro-méditerranéen, peu de place a été laissée à la coopération inter-régionale. «Au-delà des rencontres officielles, rien n'a été fait pour associer la participation de la société civile dans ce processus». De tels propos interpellent sur le sens à donner à la notion de l'espace public dans le processus de décision et dans le partenariat à grande échelle. En clair, quand un ministère, en association avec une organisation comme le forum des chefs d'entreprise, organise une rencontre de l'envergure du 10e congrès des hommes d'affaires arabes, il est tenu dans son ordre du jour d'avoir plusieurs casseroles sur le feu, pour ne pas s'ébaubir dans la cuisine interne des rencontres protocolaires qui ne débouchent sur rien de concret. Associer les walis et les collectivités locales à ce genre d'événement, par la préparation des dossiers et des lois idoines sur les investissements, peut être un gage de réussite. Déjà, on a pris conscience qu'il y a trop d'intervenants et que lancer un projet en Algérie relève du parcours du combattant. Le gouvernement a pris sur lui de préparer de nouveaux textes pour simplifier les procédures et éliminer un certain nombre d'intermédiaires, qui sont surtout des goulots d'étranglement. On aborde là de front toute la problématique de l'attractivité d'un pays comme l'Algérie. Sur ce plan, force est de reconnaître que le pays a pris énormément de retard par rapport aux pays voisins comme la Tunisie, le Maroc ou le Liban, qui ouvrent les bras pour accueillir les 400 milliards de dollars engrangés par les pays du Golfe du fait de l'envolée des cours du brut depuis quelques années. Sans cela, les attentats du 11 septembre ont fait prendre conscience aux pays arabes pétroliers de la nécessité de redéployer les 1200 milliards de dollars entreposés dans les banques occidentales, un argent qui dort sans profiter aux peuples arabes. Pour autant, et cela tout le monde le sait, les émirs et autres magnats du pétrole arabes ne sont pas des philanthropes ni des mécènes. Quand ils placent un dollar, ils voudraient en récolter dix. D'où la nécessité d'assainir le climat des affaires pour drainer tous ces pétrodollars vers les secteurs qui en ont besoin: comme le tourisme, les transports, l'agriculture, la communication, les banques, la santé, le BTP, l'enseignement. Du reste, le 10e congrès des opérateurs arabes envisage de mettre en place des ateliers sectoriels qui étudieront et éplucheront tous ces dossiers et feront des propositions à même de dynamiser l'investissement arabe en Algérie. Mille hommes d'affaires arabes à Alger. Le chiffre en lui-même a de quoi donner le tournis. Mais en même temps, à force de tergiverser en multipliant les obstacles à l'investissement, ce sera un bonjour et au revoir! Les walis seront certainement invités par le chef de l'Etat à être de véritables managers, eux qui sont déjà de véritables chefs de gouvernement, puisqu'ils représentent tous les départements ministériels, dans leur wilaya.