Tout en se consacrant à la crise ukrainienne, avec un voyage, hier, en Roumanie pour y rencontrer un contingent de 500 soldats français déployés face à «la menace russe» puis en Moldavie, voire en Ukraine où il irait avec le chancelier allemand et le Premier ministre italien, le président Emmanuel Macron n'en a pas moins l'esprit fortement rivé sur l'échéance cruciale de dimanche prochain, date du deuxième tour des législatives. Sa coalition libérale, baptisée «Ensemble» pour contourner les éventuels rejets de La France en Marche avec laquelle il a surpris le pays tout entier en 2017 et gagné à la fois l'Elysée et une majorité confortable à l'Assemblée nationale se découvre désormais au coude- à- coude avec une gauche volontaire et unie, semble-t-il, pour le meilleur et le pire. Du coup, Macron se voit-il acculé sur le terrain de la campagne électorale pour laquelle il lui faut jeter toutes ses forces dans la bataille dans le but de conserver une majorité indispensable à la mise en oeuvre de son ambitieux programme de réformes parmi lesquelles celle très controversée des retraites. S'il aspire à garder les coudées franches, il n'a pas d'autre issue que celle-là mais les sondages indiquent que les choses sont loin d'être aussi reluisantes que par le passé. Face à celui -ci, la Nouvelle union de la gauche (Nupes), où sont engagés la France insoumise, les Ecolos, les communistes et les socialistes, transcendée par le discours du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, ne cache pas son ambition de faire de ces législatives un troisième tour de la présidentielle et d'imposer au président réélu une cohabitation qui serait, le cas échéant, «la mère de toutes les batailles». Et le fait est que le panorama tant politique qu'électoral semble nettement moins favorable qu'en 2017 pour Emmanuel Macron, d'une part parce qu'il y a l'usure du pouvoir et d'autre part parce qu'il est accusé d'avoir floué les électeurs de cette même gauche qui avaient cru dans ses promesses électorales. Une échappatoire n'est pas à exclure qui a trait à l'abstention record déjà intervenu lors du premier tour du scrutin, dimanche dernier, à laquelle pourrait s'ajouter une certaine désaffection d'une partie de la droite classique qui ne se reconnaît dans aucun des camps rivaux. Autre «consolation éventuelle» pour le locataire de l'Elysée, sa coalition «Ensemble» garde l'avantage dans les projections des sièges de députés (255 à 295 contre 150 à 210 pour la gauche, mais dans ce cas de figure la majorité n'est pas acquise pour autant (289 sièges sur les 577 que compte l'Assemblée). Pour l'institut de sondage Ipsos, Macron a eu «un très sérieux avertissement» au premier tour et il n'est pas dit qu'au second, ses promesses d'engager un virage social, conforme aux attentes des Françaises et des Français, s'avèrent réellement convaincantes. La gauche unie mise, elle, sur la mobilisation des abstentionnistes en affirmant qu'il «est possible de gouverner». Tout un programme.