Le parti du président Emmanuel Macron et ses alliés centristes partent favoris des élections législatives mi-juin en France, alors que s'ouvrait hier la campagne officielle du premier tour sur fond de tensions liées à la flambée des prix. À deux semaines du scrutin du 12 juin, ils sont au coude- à- coude avec une coalition de partis de gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon, le parti d'extrême droite de Marine Le Pen arrivant en troisième position, selon les sondages. Cette bataille inédite entre trois blocs, qui ont déclassé les partis traditionnels de droite et de gauche ayant dominé la vie politique française depuis des décennies, est tendue au moment où les Français souffrent au portefeuille face à une inflation galopante et une croissance économique en berne. Et que, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, un Français sur deux (52%) dit qu'il s'abstiendra d'aller voter. Les élections législatives en France se déroulent les 12 et 19 juin, près de deux mois après la réélection du président Macron, le 24 avril dernier, face à Mme Le Pen. Les Français vivant à l'étranger ont déjà commencé à voter en ligne vendredi dernier et ce jusqu'au 1er juin. Pour les autres, la campagne officielle du premier tour - panneaux d'affichages dans les municipalités, temps de parole régulés, période de réserve des membres du gouvernement - démarrait hier et se clôture le 10 juin à minuit. Ils sont appelés à renouveler les 577 députés de l'Assemblée nationale. Après avoir passé plusieurs semaines à former son gouvernement s'exposant aux critiques d'attentisme, le président Macron retrouve la scène internationale lundi à Bruxelles pour son premier sommet post-réélection. Vendredi, la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne, elle-même candidate pour la première fois, a fixé la feuille de route du nouveau gouvernement, plaidant trois ««urgences» sur le pouvoir d'achat, la santé et le climat. Pas encore remise du choc de la pandémie de Covid, l'activité économique en France, comme ailleurs en Europe, affronte une flambée des prix provoqué par le conflit en Ukraine. L'inflation y approche les 5% sur un an en avril. Malgré cela, le président Macron ambitionne de rafler la majorité absolue dans la prochaine Assemblée nationale, comme cela a été le cas lors de son premier quinquennat. Son parti Renaissance et ses alliés regroupés dans «Ensemble» sont crédités de 27-28% des voix au premier tour, selon les enquêtes. En France, les législatives confirment généralement les choix faits lors de la présidentielle, favorisé en cela par le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours. L'opposition ne s'y trompe pas. «Le sujet des élections législatives, c'est de savoir si les Français vont à nouveau confier une majorité absolue à Emmanuel Macron ou s'ils lui imposent de discuter (...)», estimait vendredi un responsable de l'opposition de droite Jean-Christophe Lagarde (UDI). Du côté de la gauche, l'enjeu est de savoir si la nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), sous la direction du tribun Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième de la dernière présidentielle, sera en mesure de constituer la première force d'opposition en France. Les sondages la donnent au coude- à -coude avec le parti de Macron. Cette coalition inédite regroupe les socialistes, communistes et écologistes autour du parti de La France insoumise de M. Mélenchon. Mélenchon, qui espère devenir Premier ministre en cas de victoire, a dit vouloir «démanteler le présidentialisme» et mettre un terme à l'exercice «solitaire du pouvoir d'un seul homme», Emmanuel Macron, dans un récent entretien. Le dirigeant tente de transformer ces législatives en «troisième tour de l'élection présidentielle», et considère qu'«un bouleversement extrêmement profond» est possible. Galvanisé par son score à la présidentielle, la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen souhaite pour sa part en recueillir les fruits, même si elle a d'ores et déjà concédé que le parti de Macron devrait l'emporter. Elle a d'ailleurs donné l'impression de faire une campagne a minima. Marine Le Pen est elle-même candidate aux législatives dans son fief du nord de la France, et escompte que son parti RN pourra l'emporter dans des bastions du sud du pays. Elle avait réalisé de très bons scores à la présidentielle dans le pourtour méditerranéen. En attendant, les Français se disent mécontents. Selon un sondage Odoxa publié jeudi, seulement 51% d'entre eux se disent satisfaits des premiers pas d'Elisabeth Borne, et 65% que le nouveau gouvernement ne leur donne pas confiance dans la politique que mènera Emmanuel Macron.