Après des séries d' « avancées», la situation s'est aggravée, hier, pour l'armée ukrainienne à Severodonetsk, une ville-clé de l'est sous le feu intensif des forces russes, peu après un déplacement du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans le même temps, une visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov en Serbie, a dû être annulée, hier matin, trois pays européens voisins ayant fermé leur espace aérien pour son avion, une mesure dénoncée comme «scandaleuse» par le Kremlin. Les bombardements se sont encore intensifiés sur Severodonetsk et Lyssytchansk, ville voisine située sur «les hauteurs» et stratégique pour «tenir la ligne de défense» où le président Zelensky a rendu visite à ses troupes dimanche. Ce centre industriel est la plus grande agglomération encore aux mains des Ukrainiens dans la région de Lougansk, où les soldats russes ont avancé ces dernières semaines après s'être retirés du nord du pays et des environs de Kiev. Pour Moscou, mettre la main sur la ville se révèlerait déterminant en vue du contrôle intégral du bassin houiller du Donbass, déjà tenu en partie par des séparatistes pro russes depuis 2014. Ses forces armées ont poursuivi ces dernières 24 heures leur offensive sur de nombreux fronts dans l'est, principalement «dans les régions de Donetsk et Lougansk. Selon le ministère russe de la Défense, son aviation a notamment détruit trois dépôts de munitions d'artillerie et un dépôt de carburants près du village de Kodema, dans la région de Donetsk. À Moscou, le chef de la diplomatie russe a fustigé lundi la fermeture «scandaleuse» par trois pays européens de leur espace aérien à l'avion qui devait l'emmener en Serbie. «L'inconcevable s'est produit», a déclaré Lavrov, lors d'une conférence de presse en ligne convoquée en urgence. «On a privé un Etat souverain de son droit d'exercer sa politique extérieure», a-t-il ajouté, dénonçant cette mesure «scandaleuse». La Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro, tous trois membres de l'Otan, ont fermé leur espace aérien à l'avion de Sergueï Lavrov qui devait se rendre en Serbie pour une visite de deux jours, en invoquant des sanctions imposées par Bruxelles à la Russie après le déclenchement de son offensive en Ukraine le 24 février. Toujours dans le sud, la situation est «critique» dans la région de Kherson, en l'«absence de réseaux mobile et Internet, de produits alimentaires, de médicament et d'argent liquide», selon les autorités ukrainiennes. La région de Kharkiv (nord-est) est également la cible d'intenses bombardements. L'armée russe a affirmé y avoir «détruit avec des missiles aériens de haute précision, de longue portée» une usine qui s'occupait de la réparation des véhicules blindés urkrainiens près de Lozova. Moscou dit avoir visé un atelier de réparation de wagons de marchandises, dans le sud-est de Kiev à 10 km du centre-ville, et y avoir détruit des blindés fournis à l'Ukraine par des pays d'Europe de l'Est. Ce qu'ont démenti des responsables et des témoins ukrainiens sur place. À la télévision Rossiya-1, le président russe Vladimir Poutine a menacé d'autres frappes sur «des sites que nous n'avons pas visés jusqu'à présent», si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l'Ukraine, ce qui, selon lui, vise à «prolonger le conflit». Cet avertissement n'a pas empêché Londres d'annoncer, hier, la livraison à Kiev de lance-roquettes d'une portée de 80 kilomètres (M270 MLRS), venant en complément des Himars américains, lance-roquettes montés sur des blindés légers, d'une même portée, promis la semaine dernière par Washington.