Moscou a affirmé, hier, avoir «détruit un grand entrepôt» d'armes fournies par les Occidentaux dans l'ouest de l'Ukraine alors que les combats s'intensifient dans l'est où l'armée russe a concentré l'essentiel de ses efforts, notamment dans le nord de la région de Lougansk», hier, où elle «utilise l'artillerie à grande échelle». La prise de cette cité ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville, Kramatorsk, une étape pour conquérir l'intégralité du bassin du Donbass, région essentiellement russophone en partie tenue par des séparatistes pro russes depuis 2014. Les troupes russes ont également chassé l'armée ukrainienne du centre de Severodonetsk, ville-clé de l'est de l'Ukraine que les deux armées se disputent depuis des semaines. Selon les agences, les Russes contrôlent désormais «plus de 70%» de la ville. De leur côté, les séparatistes qui combattent aux côtés des forces russes ont affirmé que les dernières divisions ukrainiennes restant à Severodonetsk y étaient désormais «bloquées», après que le dernier pont qui permettait de gagner la ville voisine de Lyssytchansk eut «sauté». «Les divisions ukrainiennes restantes (à Severodonetsk) y sont pour toujours. Elles ont deux possibilités (..), se rendre ou mourir», a affirmé Edouard Bassourine, porte-parole des séparatistes. La région industrielle et essentiellement russophone du Donbass, où Moscou concentre son offensive actuellement, a gardé après la chute de l'URSS et l'indépendance de l'Ukraine de forts liens économiques et culturels avec la Russie. Elle est en partie contrôlée par des séparatistes appuyés par Moscou depuis 2014, après l'annexion de la Crimée. Prendre Severodonetsk ouvrirait à Moscou la route d'une autre grande ville du Donbass, Kramatorsk, étape importante pour conquérir l'intégralité de cette région frontalière de la Russie. Sur le plan diplomatique, après avoir promis la veille à Kiev une réponse «d'ici la fin de la semaine prochaine» à la demande de l'Ukraine d'entamer un processus d'adhésion à l'Union européenne, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a reconnu que «le défi (serait) de sortir du Conseil européen (prévu les 23 et 24 juin) avec une position unie qui reflète l'énormité de ces décisions historiques». Du côté de l'Otan, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a prévenu que le blocage par la Turquie des demandes d'adhésion de la Suède et de la Finlande, poussées par le conflit en Ukraine après des décennies de non-alignement, pourrait durer. Ankara les accuse d'offrir un refuge au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme «terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux. Côté militaire, le ministère russe de la Défense a dit avoir détruit à Tchortkiv, à 140 km de la frontière avec la Roumanie, «un grand entrepôt de systèmes de missiles antichars, de systèmes portatifs de défense aérienne et d'obus fournis au régime de Kiev par les Etats-Unis et les pays européens». La frappe sur cette ville, située dans l'ouest, jusqu'à présent relativement épargnée, aurait fait 22 blessés. Plus au sud, dans la région de Donetsk, les Russes intensifient leurs efforts. C'est ainsi qu'à l'autre bout de la ligne de front, à Mikolaïv, grand port de l'estuaire du Dniepr, dans le sud, l'avancée russe se situe aux abords de la ville, les combats tournent à la guerre de tranchées.