Le médiateur ouest-africain pour le Burkina Faso, l'ancien président nigérien Mahamadou Issoufou, est arrivé vendredi à Ouagadougou pour rencontrer les autorités de la junte militaire et poursuivre les discussions autour du délai de la transition, selon les médias locaux. Issoufou devait séjourner vendredi et samedi dans la capitale burkinabè où il a rencontré notamment le chef de l'autorité de transition mise en place au lendemain du putsch, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, selon la présidence du Faso. Il est accompagné par le président de la Commission de la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), Jean-Claude Kassi Brou, et par le commissaire Paix et Sécurité de l'organisation sous-régionale, Francis Béhanzin. Ils ont eu notamment une séance de travail avec le Premier ministre burkinabè, Albert Ouédraogo, et le président de l'Assemblée législative de transition, Aboubacar Toguyeni. Le Burkina Faso a fixé à trois ans la durée de la transition, après la prise du pouvoir fin janvier par l'armée, avant l'organisation d'élections. L'autorité de transition conduite par les militaires invoque la gravité de la crise sécuritaire à laquelle le pays est confronté, avec des attaques terroristes récurrentes dont la dernière a fait 86 morts dans la localité de Seytenga, située dans la région des Trois-frontières. La Cédéao avait demandé fin mars au Burkina de donner un nouveau calendrier «raisonnable» de la transition d'ici le 25 avril, mais Ouagadougou a demandé un délai supplémentaire. À la demande des autorités burkinabè, l'organisation ouest-africaine avait dépêché fin mai une mission de trois jours pour évaluer la situation au Burkina. A l'issue d'un sommet début juin, la Cédéao avait exprimé son «inquiétude» devant les 36 mois de transition prévue, mais aussi «de graves inquiétudes devant la détérioration de la situation humanitaire». Elle avait maintenu la suspension du Burkina de tous ses organes et annoncé la nomination de l'ancien président du Niger Mahamadou Issoufou comme médiateur. En marge de cette visite, la Cédéao a accordé un «prêt» de plus de 6 500 tonnes de vivres au Burkina Faso, au profit des personnes déplacées fuyant les violences terroristes. «On avait demandé 10 000 tonnes et la Cédéao a accordé bien-sûr un prêt de 6 579,5 tonnes de vivres (...) Ce prêt va être remboursé grain pour grain d'ici fin mars 2023», a déclaré le ministre en charge de l'Agriculture, Delwendé Innocent Kiba, en recevant ces stocks. «Quand un pays a une situation difficile, il fait une demande et sur la base de cette demande et sur la base de l'analyse qui est faite, la Cédéao utilise ses stocks de réserves pour venir en soutien au pays», a expliqué de son côté le président de la Commission Jean-Claude Kassi Brou. Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, attribuées à des mouvements armés terroristes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique autoproclamé, qui ont fait plus de 2 000 morts et 1,9 million de déplacés. Le lieutenant-colonel Damiba a renversé Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'avoir été incapable d'enrayer la violence terroriste, et fait du rétablissement de la sécurité sa «priorité». Mais les attaques n'ont pas cessé et, le week-end dernier, le village martyr de Seytenga, au nord du Burkina, a vécu l'un des pires massacres dans l'histoire du pays.