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La bataille d'Iamorène
Elle a eu lieu le 27 juin 1958 au douar Ighram, à Béjaïa
Publié dans L'Expression le 27 - 06 - 2022

Un nom évocateur qui symbolise l'une des batailles les plus importantes, engagées par l'ALN, au douar Ighram lequel est situé à peine à une dizaine de kilomètre d'Akbou, une ville de garnison. Elle a impliqué plusieurs villages, en particulier Iamorène, Ighil Nacer et Iguervane. Cette bataille mémorable a débuté le vendredi 27 juin 1958, en fin de journée, par un accrochage près du village d'Ighil Nacer, entre un détachement ennemi et les éléments de la 1ère compagnie du bataillon de choc de la Wilaya III. Cependant, après cette escarmouche, intervenue par hasard, faute de quitter le secteur à la faveur de la nuit, afin d'éviter l'affrontement, sans nul doute attendu pour le lendemain par un adversaire qui aura eu ainsi le temps de mobiliser des moyens autrement plus importants, la compagnie, commandé par l'adjudant Arrouche, dit Ali Baba, a pris volontairement le risque d'affronter les forces ennemies en occupant la crète au-dessus du village d'Iamorène, situé sur les hauteurs du douar Ighram, où elle est accueillie par une population toujours disponible et totalement acquise. D'ailleurs, en prévision d'un lendemain qui s'annonce très chaud et faisant preuve d'un courage exceptionnel, les habitants de ce village, déjà éprouvés par les nombreux ratissages qui visent régulièrement le douar Ighram, se sont mobilisés durant une grande partie de la nuit, pour préparer le repas des djounoud. Cela étant, le lendemain, dès l'aube, après avoir reçu des renforts durant toute la nuit, l'ennemi a bouclé le douar, en déployant plusieurs bataillons, dans le but d'éliminer tous les combattants qui s'y trouvaient, notamment ceux accrochés la veille à Ighil Nacer. C'est ainsi que seront alignées une compagnie de 120 hommes et la section du secteur composée de 35 hommes, face à une armada constituée de plusieurs bataillons soutenus par l'aviation et l'artillerie. Bien que le rapport de forces soit largement en faveur de l'adversaire qui, fatalité oblige, ne ferait qu'une bouchée de nos combattants, mais la foi inébranlable, le courage et l'abnégation qui les animent, leur engagement indéfectible pour une noble cause à laquelle ils sont prêts à sacrifier leur vie, finiront par l'emporter.
Affrontement au corps à corps
En attendant le début des combats, la compagnie occupe la crête au- dessus d'Iamorène, tandis qu'en contrebas, la section du secteur, ayant déjà pris position à l'abri de l'oliveraie d'Iguervane, attend de pied ferme l'arrivée des premiers attaquants. Avant d'ouvrir le feu, nos djounoud, qui se sont retranchés derrière des casemates de fortune, les laissent approcher le plus près possible pour un affrontement au corps à corps, une manière habile pour empêcher l'aviation et l'artillerie d'intervenir. Le combat d'une violence extrême est alors engagé et chaque combattant s'acharne à défendre fermement sa position. La première compagnie du bataillon, une unité d'élite aguerrie, fortement armée, fait preuve d'une grande résistance en repoussant les vagues successives d'assaillants dopés par de la gniole, un stimulant à base d'alcool et d'anabolisants.
Vers 11 h, tandis que le combat fait rage, le colonel commandant les unités en opération, usant d'un porte-voix et après avoir rendu hommage à nos combattants et flatté leur bravoure, lance un ultimatum, exigeant de déposer les armes et de se rendre avant midi, faute de quoi des moyens autrement plus persuasifs seront alors mis en oeuvre. Or, à l'heure prévue, constatant que l'ultimatum n'a eu aucun effet sur le courage et la volonté farouche de nos combattant, un déluge de feu et de fer s'est alors abattu sur le vaste champ de bataille, englobant Iamorène et Iguervane, subitement transformés en fournaise par l'usage intensif du napalm. Cette arme dévastatrice, non conventionnelle, utilisée pour la première fois dans le secteur, a embrasé les oliviers centenaires et transformé en torches humaines beaucoup de nos vaillants combattants. De plus, l'arrivée en force des avions T6, des bombardiers B.29, des chasseurs anglais et des hélicoptères a, par leur nombre, occupé le ciel au point de l'assombrir en plein jour. Les vagues successives de bombardiers, larguant leurs bombes et mitraillant en même temps les positions occupées par nos djounoud, sont d'une intensité telle qu'il est vain d'espérer retrouver des survivants. Dès lors, et fort de cette conviction, l'ennemi, déployé en tirailleurs, avance sur un terrain entièrement dévasté, avec des arbres calcinés et des trous d'obus béants, persuadé d'être seul sur le terrain. Mais au moment où il s'y attend le moins, il est alors accueilli par un feu nourri, suivi d'un redoutable corps à corps qui, de ce fait, rend impossible toute tentative de repli. Des dizaines de soldats jonchent alors le sol, offrant ainsi l'occasion à nos djounoud de s'emparer de leurs armes et des munitions. Le combat reprend alors de plus belle, alterné par les bombardements, jusqu'au moment où survient une scène incroyable montrant des soldats ennemis, à court de munitions, courir éperdument se retrancher à l'intérieur des maisons avoisinantes, vidées de leurs occupants, en attendant d'être approvisionnés par les hélicoptères. Une trêve providentielle que les djounoud mettent à profit pour se réorganiser et se mettre à l'abri des assauts de l'aviation en attendant la nuit. Les combats ont finalement cessé avec la tombée de la nuit. Les habitants du village d'Iamorène et d'Iguervane, ayant vécu, eux aussi, le déluge de fer et de feu, ont fait preuve d'un courage admirable et d'un dévouement exemplaire en dépit des nombreuses pertes humaines et des destructions subies.
Le responsable du service de santé du secteur, Mohand Larbi Mezouari, présent durant ces combats, s'est vaillamment employé à sauver des vies humaines en prodiguant des soins d'urgence aux nombreux blessés et brûlés, avant de faire acheminer les plus graves vers l'hôpital de l'Akfadou où nous les avons accueillis et soignés. Le bilan est très lourd. 30 djounoud ont perdu la vie, parmi eux le chef de compagnie, l'adjudant Arrouche. Puis, après avoir rassemblé les blessés, notamment ceux pouvant se déplacer, les djounoud de la compagnie ainsi que ceux de la section du secteur, se réorganisent pour rompre l'encerclement avant de quitter le secteur à la faveur de la nuit, suivis par les lucioles (fusées éclairantes) lancées par l'ennemi. Quant aux soldats français, n'ayant plus la couverture aérienne pour assurer leur protection, ils sont donc contraints de garder leurs positions en installant un bivouac pour la nuit.
Un déluge de fer et de feu
Dans cette bataille mémorable, l'ennemi a manifestement perdu beaucoup d'hommes. Selon des témoignages dignes de foi, recueillis auprès de la population, plus d'une centaine de soldats auraient péri. Et pour preuve, celle-ci a observé, durant toute la journée du lendemain, la noria d'hélicoptères qui n'a cessé d'évacuer les morts et les blessés vers les hôpitaux d'Akbou, Béjaïa et Sétif. Ce jour-là, nos combattants ont indéniablement remporté une victoire retentissante. Ils ont réussi l'incroyable gageure en mettant en échec le plan d'anéantissement des djounoud présents sur les lieux, mis en oeuvre par des forces supérieures en nombre et en moyens d'intervention, en leur infligeant d'énormes pertes. Ce grand moment de gloire témoigne, à l'évidence, du lourd sacrifice consenti par nos combattants et par les hommes et les femmes du douar Ighram, pour arracher l'indépendance de notre pays. Il constitue, pour eux comme pour toute la population de la région, un motif de fierté, rappelant, pour mémoire, les nombreux affrontements dont fut le théâtre ce douar et ses 17 villages, et où la première grande bataille avait eu lieu, le 21 janvier 1956, au village martyr d'Ath Amar Ouzegane. Gloire éternelle à nos valeureux chouhada.
*Ancien moudjahid à la Wilaya III historique et auteur


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