Il est, comme il se doit, vrai que l'écriture de l'histoire exige un acte sincère de mémoire. En publiant Grands personnages de l'Histoire Ancienne de l'Algérie (des origines à 1830) , Djamel Souidi entend contribuer à cette action de mise à l'endroit de tout ce qui intéresse notre patrimoine culturel, et ici, tout spécialement, en cette partie si essentielle à notre existence, et que l'on peut appeler «Histoire Ancienne de l'Algérie». Telle est l'oeuvre de militant de ce chercheur perspicace «en histoire». Il a, en deux tomes, donné à connaître à un large public algérien «Un prince dans le Maghreb de l'an mil», grâce à un personnage de fiction, «servant de fil de trame au récit» historique: le truculent et philosophe-guerrier Amestan Sanhaji. On aura déjà remarqué qu'en cette discipline -l'histoire-, si complexe et si lourde de conséquences positives ou non, lorsqu'on la dévoile, on fait vite de l'affubler de termes hautement significatifs pour la rendre acceptable. Voilà donc, et par exemple, que la mémoire doit être «fidèle», doit être «sincère», doit être «bonne» non pas «mauvaise», doit «être intacte», doit être «objective», doit mettre «chaque chose en valeur», que sais-je encore? Certains, les petits futés, à l'instar de l'immense Montaigne, ont une tout autre opinion de la simple mémoire, disant: «Il se voit par expérience que les mémoires excellentes se joignent volontiers aux jugements débiles.» Quant à notre prestigieux Ibn Khaldoûn, il a bien défini, au-delà de la simple mémoire, à la fois la mémoire historienne et l'objet de l'histoire en considération de l'événement en tant que fait unique, daté et riche en particularités: «L'histoire, a-t-il écrit, il y a six cents ans, a pour véritable objet de nous faire comprendre l'état social de l'homme, c'est-à-dire la civilisation et de nous apprendre les phénomènes qui s'y rattachent naturellement...» Pour lui, les lois de l'historien se rapportent à la causalité, à la référence au présent pour juger du passé -mais connaître d'abord les influences diverses qui modifient l'état de la société- et prendre garde aux causes d'erreur. Il sous-entend l'importance qu'il y a à connaître les acteurs de l'événement et l'état de la société au milieu de laquelle cet événement s'est produit. C'est évidemment aussi tout l'intérêt du travail de Djamel Souidi, puisqu'il nous livre librement des notices de renseignements sur les personnages de premier plan dans le déroulement des événements que le Maghreb a connus «des origines à 1830». Sans doute, ce travail ne pourrait jamais être définitif, -le champ de la recherche reste heureusement ouvert, car la période étudiée est vaste, les événements historiques et les personnages, qui s'y sont illustrés, sont nombreux ; et c'est tant mieux, qu'un jeune chercheur algérien s'en soit chargé, et c'est tant mieux que son essai puisse engager d'autres jeunes à entreprendre une oeuvre capable de le développer et de l'enrichir. A cet effet, l'ouvrage de Djamel Souidi devient un document riche en informations sur les hommes et les femmes qui ont fondé, à travers les âges de l'Histoire du Maghreb, un pays considérable tant au point de vue de ses habitants, de leurs moeurs, de leur civilisation, que de sa situation géographique, économique et politique. Des notices claires décrivent et expliquent le sens et l'intérêt de l'ouvrage, traçant une possible éducation à l'histoire de tout un chacun. On va alors apprendre, page à page, classés par ordre alphabétique, qui sont-ils nos savants, nos princes et nos rois, nos guerriers et nos héros, nos penseurs et nos théologiens, nos scientifiques et nos littérateurs, nos hommes de culture, nos hommes de religion, nos sociologues, nos fondateurs de cités. On y trouvera des noms connus, des noms célèbres, des noms oubliés, des noms ignorés, des idées et des faits occultés,...et, annexés, un utile tableau chronologique et un index. Enfin notre passé et notre présent sont comme à portée de la main! Les Editions du Tell méritent un grand bravo d'avoir fait un tel labeur.