Pour un début, le spectacle inaugural s'est déroulé sans heurt et plutôt dans la joie et la bonne humeur... C'est vers 22h 30 passées que le show commence enfin. Sidi Fredj accueille lors de cette soirée du 29 juin la première édition du festival des musiques actuelles, désormais à inscrire dans le planning des festivals annuels de l'été. Une jeune animatrice se présente sur scène pour ouvrir le bal. Elle est chahutée. Vient à son secours Nazih Benramdane, commissaire du festival qui fera remarquer que «cet événement constitue un acquis pour nous et pour les jeunes». Et c'est place au défouloir. C'est un groupe de jeunes rappeurs qui entament cette soirée qui promet d'être chaude. Les décibels lancés, les jeunes esquissent des pas de danse chorégraphiés et poussent le rap sur des textes qui chantent leur mal-vie. Pour une première soirée, le public a répondu favorablement à l'invitation. C'est normal, pour une fois on pense aux jeunes sans le sou et on fixe le prix du billet à 200 DA. Raisonnable. Quand Lotfi Double Canon apparaît sur scène, les gradins se vident automatiquement à moitié. On s'agglutine en bas de la scène et on crie bien fort le nom de Lotfi. C'est à ce moment que vient et s'assoit au côté de Lakhdar Bentorki, directeur de l'Onci, la ministre de la Culture Khalida Toumi, venue honorer cet événement, placé effectivement sous le patronage du ministre de la Culture. Lotfi interprète ses tubes repris en choeur par ses fans, notamment Bladi Algéria, Bled miky, Enti gavia. Lotfi n'omet pas entre une chanson ou un refrain de glisser une phrase assassine et faire montre de son humour tranchant et drôle. Un peu de sauce sociale, sur fond de dérision à l'adresse de l'amour d'aujourd'hui et la mayonnaise prend. La venue de la ministre de la Culture est pour lui, un signe de «bonne relation», «des connaissances», dira-t-il, qui est une occasion à ne pas rater, pourquoi pas, pour prétendre à l'Aadl. «Je suis fier de mon peuple!» indiquera-t-il par deux fois. Et d'évoquer la ministre «qui a un esprit jeune» en prenant la peine d'organiser ce festival et l'inviter. Celle-ci effectivement sous le charme de la musique de Double Canon, n'aura de cesse de dodeliner de la tête. Toute contente. Mais Lotfi est sommé gentiment de descendre. «On m'a demandé de faire une demi-heure. J'exécute.» Mais que reverra-ton sur scène? Le groupe de danse SOS génération. 113 font eux aussi une entrée triomphale. Un début de chanson puis, plus rien. On ne sait pas pourquoi. 113 de nouveau sur scène et là ça déménage. Avant, sur écran géant sont diffusées des images patriotiques! ce soir, fêtons-nous une date nationale quelconque? Le 29 juin est la date de commémoration, en effet, de l'assassinat de Mohamed Boudiaf. Il est minuit passé. Le trio des 113 déclare d'être encore une fois heureux de rencontrer «la famille» et interprète «Au summum» «Tontons du bled», reprenant le fameux titre chanté habituellement avec Zahouania «Ana debar rassi» ou encore l'autre tube à avoir cartonné en duo avec Réda Taliani, à savoir, «Ya ‘l babor». Mokobé chante aussi «On va bouger» et les jeunes en bas de la scène se donnent à coeur joie en esquissant à souhait des mouvements et pas de danse hip-hop aux pieds quasiment de la ministre de la Culture. Celle-ci, reine sur son trône, se prête volontiers au jeu des appareils photos et autres portables ! Alors que la ministre part, c'est un autre artiste qui monte sur scène sur les vives acclamations du public, et surtout des jeunes de plus en plus déchaînés à ne pas s'arrêter de danser. Mohamed Lamine, les cheveux blancs décapés, arborant un nouveau look, brasse quant à lui un assortiment de ses anciennes et nouvelles chansons. Ça part de «Ya'l mergrab» (titre qui figure sur la compil Rai'n'b fever) à un titre des plus entraînants, à la cadence électro, un peu à la manière de Raïna raï et l'ONB, en passant par «Ana maallabalich bik», «Anti hanya», pour finir avec les 113 sur «Yadellali», au grand bonheur des inconditionnels du rai'n'b. La veille du concert, Mohamed Lamine et Lotfi Double Canon avaient animé une conférence de presse dans laquelle ils avaient évoqué leur actualité et surtout dit leur volonté et leur désir d'aller chanter dans les petites villes du pays et rencontrer surtout partout leur public. Un souhait très cher à Mohamed lamine qui regrettera le manque de tournées conséquentes en Algérie, alors que lui, il ne demande que ça, ainsi que d'aller chanter pour les prisonniers. Il annoncera par ailleurs la sortie prochaine de son nouvel album qui comprendra un duo avec la chanteuse Latifa Raafat, Moré Kanté et la chanteuse Ishtar. De son côté, Lotfi Double Canon annoncera la sortie d'un nouvel album, intitulé «Kamikaze» dans lequel on retrouvera, assurément toujours, la même verve décapante et bien acérée de notre rappeur annabi.