Cinq civils ont été tués dimanche dans une attaque de terroristes présumés contre un détachement militaire à Barsalogho, dans le nord du Burkina Faso, a annoncé l'armée. «Dans la matinée du dimanche, des combats ont opposé les éléments du détachement militaire de Barsalogho», dans la région du centre-nord, «et un groupe armé terroriste venu s'attaquer à l'emprise d'un détachement. Dans le même temps, un autre groupe de terroristes a pris pour cibles des civils», a indiqué l'état-major dans un communiqué. Le bilan fait état de «cinq civils, dont un enfant», tués, ainsi que «de huit militaires blessés qui ont été évacués et pris en charge», selon l'armée. Des opérations aériennes et terrestres ont aussitôt été engagées pour traquer les assaillants, «et plusieurs frappes aériennes ont été effectuées sur des groupes qui tentaient de se replier vers une base terroriste localisée à Bangmiougou, près de Barsalogho», selon l'armée qui précise que «plusieurs terroristes ont été neutralisés et la base logistique a été détruite». La force française Barkhane apporte régulièrement un soutien aérien aux opérations militaires burkinabè. Comme ses voisins nigérien et malien, le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, attribuées à des mouvements armés terroristes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait des milliers de morts et 1,9 million de déplacés. Plus de 40% du territoire est hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels. Le pays est devenu l'épicentre des violences dans le Sahel, avec plus d'attaques meurtrières qu'au Mali ou au Niger en 2021, selon l'ONG Acled. Fin janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'avoir été incapable d'enrayer la violence terroriste, et fait du rétablissement de la sécurité sa «priorité». Mais la situation sécuritaire au Burkina ne s'est pas améliorée, le pays étant toujours régulièrement visé par des attaques meurtrières. Par ailleurs, l'ex-président du Burkina Faso Blaise Compaoré a quitté Ouagadougou après un bref séjour pour une rencontre d'anciens chefs de l'Etat avec le nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, a-t-on appris de sources gouvernementale et aéroportuaire. Blaise Compaoré «a quitté Ouagadougou, hier (samedi) soir et a regagné Abidjan avec sa famille, notamment son épouse et sa fille», a indiqué une source gouvernementale, saluant ses «efforts pour le retour de la paix au Burkina». Un avion de la République de Côte d'Ivoire «a décollé de la base aérienne» dans la soirée de samedi avec à son bord «la délégation de l'ancien président» Compaoré, a confirmé une source aéroportuaire. Compaoré, président de 1987 à 2014, avant d'être contraint à l'exil en Côte d'Ivoire à la suite d'une insurrection populaire, était revenu jeudi à Ouagadougou pour la première fois depuis huit ans, suscitant une polémique. Alors que pour ses sympathisants, ce retour nourrissait de véritables «espoirs de paix», des voix se sont élevées pour demander son arrestation, en exécution de sa condamnation par contumace, le 6 avril, à la prison à perpétuité pour son rôle dans l'assassinat de son prédécesseur, Thomas Sankara, lors du coup d'Etat qui l'avait porté au pouvoir en 1987. Compaoré a participé vendredi à une rencontre avec un autre ancien président, Jean-Baptiste Ouedraogo (1982-1983), et le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a pris le pouvoir lors d'un putsch le 24 janvier. À l'issue de la rencontre, Damiba a appelé à «la cohésion sociale au regard de la situation difficile» que traverse leur pays en proie à la violence terroriste. Compaoré et Ouedraogo ont de leur côté publié une déclaration dans laquelle ils ont appelé «au dépassement des clivages politiques, générationnels, ethniques, religieux et autres croyances traditionnelles» pour «rebâtir ensemble les fondements du pays dans un sursaut patriotique».Trois anciens présidents également invités, n'ont pas participé à la réunion. Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier, a été «physiquement empêché par un groupe d'individus de participer à la rencontre», selon Damiba. Plusieurs de ses sympathisants ont manifesté vendredi matin devant son domicile à Ouagadougou, l'appelant à boycotter cette «mascarade». Egalement invités, Isaac Zida qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et vit actuellement en exil au Canada, n'a pas pu venir «pour raisons administratives», selon Damiba, et Michel Kafando (2014-2015) pour «des raisons de santé».