Hier, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a averti que les objectifs militaires de l'opération spéciale en Ukraine ne se limitent plus uniquement à l'est du pays, mais concernent aussi «d'autres territoires» et pourront s'élargir encore à de nouveaux. Pour lui, la donne qui prévalait en mars dernier, lors du début de l'opération, a changé et l'armée russe fait face à «une géographie différente». Dans un entretien avec Ria-Novosti et RT, Lavrov explique en effet que les objectifs «ne sont plus seulement les républiques populaires de Donetsk et Lougansk (territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine), ce sont aussi les régions de Kherson et Zaporijjia (dans le sud) et une série d'autres territoires, et ce processus continue, de façon constante». L'avancée russe a déjà fait sauter le double verrou des grandes villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, s'ouvrant par la même la route de Kramatorsk et Sloviansk où se déroulent de violents combats depuis que Kiev utilise les armes livrées par les puissances occidentales. Sergueï Lavrov a d'ailleurs averti que si l'Occident continuait de fournir à l'Ukraine des armes capables de frapper à longue distance, comme les lance-roquettes multiples américains HIMARS, les objectifs géographiques de la Russie évolueraient encore. «Car nous ne pouvons permettre que, dans la partie d'Ukraine contrôlée par Zelensky ou son remplaçant, se trouvent des armes qui peuvent menacer directement notre territoire ou celui des républiques (séparatistes) ayant déclaré leur indépendance ou voulant choisir seules leur avenir», a-t-il assuré. Ces propos ont une résonance particulière dans la mesure où ils signifient que le conflit, loin de s'apaiser, risquer de durer bien plus longtemps que ne l'imaginent les pays occidentaux en général et ceux de l'Union européenne en particulier, les plus affectés par les conséquences des sanctions décrétées contre la Russie. L'impact de ces sanctions se révèle critique pour beaucoup, notamment l'Allemagne, et les prévisions sont des plus pessimistes en ce qui concerne l'hiver prochain alors que l'inflation plombe la plupart des économies. À Téhéran, la 7e conférence de presse conjointe des présidents russe, iranien et tuc a permis d'entrevoir une sortie de secours pour les céréales dont le monde a besoin et surtout le continent africain, grâce aux bons offices de Recep Tayyip Erdogan. Mais on est encore loin d'un deal tant que l'Ukraine n'a pas souscrit au déminage des zones maritimes. De son côté, le président iranien Raïssi a mis l'accent sur la présence des soldats américains dans la région, notamment en Syrie, pour dire qu'elle n'est «pas justifiée» et que Washington doit se résoudre à partir. Les parrains du processus d'Astana ont, d'ailleurs, insisté dans leur communiqué commun sur «la nécessité de respecter la souveraineté de la Syrie et de garantir son intégrité territoriale» tandis que le président Poutine a affirmé que la crise syrienne doit être résolue par le dialogue entre les parties syriennes et sans ingérence extérieure. Les propos de Sergueï Lavrov, confirment, au lendemain de la déclaration de Joe Biden sur la volonté américaine de demeurer au Moyen-Orient pour faire barrage à la Russie et à la Chine, que la crise économique et sécuritaire mondiale va se poursuivre, porteuse de graves difficultés.