Pleins pouvoirs Le 25 juillet 2021, M.Saïed annonce la suspension des travaux du Parlement et le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi, affirmant vouloir «sauver» le pays, rongé par des mois de blocages politiques et un nouveau pic meurtrier de la pandémie de Covid-19. Le Président, également chef de l'armée, s'octroie le pouvoir exécutif, en annonçant vouloir désigner un nouveau Premier ministre. Le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, qui disposait du plus grand nombre de sièges au Parlement, fustige «un coup d'Etat». L'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), influente centrale syndicale, colauréate du prix Nobel de la Paix en 2015, estime que les décisions de Kaïs Saïed sont «conformes» à la Constitution, tout en appelant à la poursuite du processus démocratique. Le 28, M. Saïed lance une offensive anti-corruption, réclamant des comptes à 460 hommes d'affaires accusés de détournement de fonds sous le régime de Zine el Abidine Ben Ali (1987-2011) renversé par la révolte populaire de 2011. Mesures exceptionnelles Le 24 août, le Président prolonge «jusqu'à nouvel ordre» le gel du Parlement. Le 22 septembre, il officialise ses pleins pouvoirs en promulguant des dispositions exceptionnelles l'autorisant à légiférer par décrets. Le chef d'Ennahdha Rached Ghannouchi appelle à la «lutte pacifique» contre «le pouvoir absolu d'un seul homme». L'UGTT met en garde «contre le danger d'une accumulation de tous les pouvoirs entre les mains du chef de l'Etat». ne vingtaine d'organisations de défense des droits humains, tunisiennes et internationales, fustigent «l'accaparement du pouvoir» par le Président. Najla Bouden, Première ministre Le 11 octobre, la Tunisie se dote d'un nouveau gouvernement dirigé pour la première fois par une femme, l'universitaire Najla Bouden. Mais celle-ci ainsi que son équipe jouissent de prérogatives considérablement réduitesLe 5 février 2022, Kaïs Saïed annonce la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges, qu'il accuse de «partialité» et d'être sous l'influence d'Ennahdha. Le 13, il annonce l'avoir remplacé par un autre organe «temporaire» et se donne le pouvoir de limoger des juges et de leur interdire de faire la grève. Près de 60 magistrats seront révoqués en juin. Dissolution du Parlement Le 30 mars, Kaïs Saïed annonce la dissolution du Parlement, quelques heures après que des députés ont bravé sa suspension en organisant une séance virtuelle, au cours de laquelle ils ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées par le Président. Le 22 avril, le Président s'arroge le droit de nommer le chef de l'Autorité électorale Isie et ses membres. Projet de Constitution Le 20 mai, le Président nomme Sadok Belaïd, un juriste proche de lui, à la tête d'une commission chargée d'élaborer une Constitution pour «une nouvelle République». Le projet, remis un mois plus tard au Président, doit être soumis à référendum, avant des législatives anticipées annoncées pour le 17 décembre. Le 3 juillet, Sadok Belaïd désavoue le texte publié par la Présidence, estimant que le projet ne correspond pas à celui élaboré par la commission et que son adoption pourrait «ouvrir la voie à un régime dictatorial». Dans la nuit du 8 au 9, Kaïs Saïed fait publier une version amendée du texte qui modifie deux articles controversés sur la place de l'islam et les possibles restrictions aux libertés. Nouvelle phase Le 25 juillet, les Tunisiens se prononcent par référendum sur le texte. Le «oui» l'emporte avec 92,3% des voix, selon l'institut de sondage Sigma Conseil. La participation s'élève à 27,5% (chiffres provisoires). Sans attendre les résultats officiels, le président Saïed proclame le 26 juillet avant l'aube l'entrée de la Tunisie dans une «nouvelle phase».