L'Allemagne a annoncé, hier, suspendre «jusqu'à nouvel ordre» la majeure partie de ses opérations militaires au Mali dans le cadre de la mission de l'ONU (Minusma), en dénonçant un nouveau refus de survol par les autorités maliennes. «Le gouvernement malien a encore une fois refusé d'autoriser un vol prévu aujourd'hui» qui devait assurer une rotation de personnel, a expliqué un porte-parole du ministère allemand de la Défense. En conséquence, «nous suspendons jusqu'à nouvel ordre nos opérations de reconnaissance et les vols de transport par hélicoptère» car «il n'est plus possible de soutenir la Minusma sur le plan opérationnel», a-t-il ajouté. Sans le nouveau personnel qui devait en partie «remplacer les forces françaises» qui se retirent, «la sécurité sur place n'est plus assurée» et «les forces restantes doivent être dédiées à la sécurisation» et ne pourront plus assurer leurs missions habituelles, a expliqué le porte-parole lors d'une conférence de presse. Le refus de survol est intervenu malgré des assurances contraires de la part du ministre malien de la Défense, Sadio Camara, lors d'un entretien téléphonique jeudi avec son homologue allemande Christine Lambrecht, a-t-il ajouté. «Les actes de Camara parlent une autre langue que ses mots», a dénoncé la ministre allemande sur Twitter. La décision allemande intervient alors que le Mali, qui a poussé vers la sortie l'ex «allié» français et concrètement relancé la coopération avec Moscou, fait depuis quelques semaines face à une résurgence d'attaques de la nébuleuse du Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe). Les rapports entre l'autorité de transition malienne et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, en particulier depuis certaines déclarations de ministres français des Affaires étrangères et des Armées portant des accusations sur la présence supposée de mercenaires de la société russe Wagner, ce qui a eu pour effet de pousser les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les terroristes. La force française Barkhane est actuellement en train de finaliser l'évacuation de ses matériels de ce pays. Les relations entre le Mali et l'ONU, dont les casques bleus sont présents dans le pays depuis 2013, se sont également compliquées ces dernières semaines, avec des tensions qui ont atteint leur paroxysme depuis quelques jours. L'Algérie condamne «énergiquement» les attaques terroristes L'Algérie a condamné jeudi énergiquement les attaques terroristes perpétrées contre des unités des Forces Armées Maliennes à Tisset, dans la zone dite des «trois-frontières», ayant fait de nombreux décès et blessés parmi les soldats maliens. «L'Algérie condamne énergiquement les attaques terroristes perpétrées contre des unités des Forces armées maliennes à Tisset, dans la zone dite des «trois-frontières», qui ont causé de nombreux décès et blessés parmi les soldats maliens», a indiqué jeudi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger. « En cette douloureuse circonstance, l'Algérie présente ses condoléances aux familles et proches des victimes ainsi que ses voeux de prompt rétablissement aux blessés» lit-on dans le document. «L'Algérie tient à assurer le peuple et le gouvernement maliens de sa solidarité et de son ferme soutien dans sa lutte contre le terrorisme et réitère son appel à une action vigoureuse et efficace aux niveaux régional et international pour l'élimination de ce fléau dont l'impact négatif sur la paix, la sécurité et le développement de l'Afrique ne cesse de s'aggraver», ajoute-t-on. «Une riposte collective de l'Afrique, dans le contexte des décisions prises par le Sommet extraordinaire de l'Union africaine à Malabo, et un rehaussement de l'effectivité du soutien de la Communauté internationale au bénéfice du Mali s'imposent plus que jamais à l'heure où le terrorisme redouble d'agressivité», a conclu le communiqué.