Sur fond d'une crise d'approvisionnement en gaz et la crainte de voir la Russe mettre en exécution sa menace de réduire ses exportations de gaz vers l'Europe, le gouvernement espagnol tente d'amorcer des négociations avec l'Algérie. Le journal en ligne espagnol Ok Diario, a rapporté qu' «une délégation du gouvernement espagnol se serait rendue, vendredi dernier, en Algérie». Les autorités algériennes n'ont pas commenté l'article de Ok Diario qui ne trouve donc aucune confirmation de la part des deux gouvernements. Officiellement, les relations diplomatiques entre les deux pays sont suspendues. Voulant mettre un terme à sa grande dépendance de la Russie, les gouvernements espagnol et portugais soutiennent avec force les récentes déclarations du chancelier allemand Olaf Scholz en faveur de la réalisation d'un gazoduc reliant l'Espagne à l'Europe centrale. Pour sa part, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a déclaré, dans une interview à la Télévision nationale (TVE), que l'Espagne était prête à avancer très vite pour la construction d'un tel gazoduc. Olaf Scholz avait estimé jeudi que l'Europe manquait «dramatiquement» d'une interconnexion entre la péninsule Ibérique et l'Europe centrale, passant par la France, qui contribuerait à soulager et détendre la situation de l'approvisionnement de gaz. Sur un autre plan, le gouvernement espagnol vient d'adopter les mesures drastiques d'économie d'énergie dans le cadre du plan européen en la matière, stipulant que les espaces climatisés ne peuvent avoir une température minimale de 27 degrés et que le chauffage en hiver ne peut dépasser 19 degrés. Ainsi, d'après les statistiques fournies par Enagaz, importateur et distributeur exclusif de gaz en Espagne, la baisse des approvisionnements de gaz en provenance d' Algérie est estimée à près de 42%. La réduction a été opérée par l' Algérie sans toutefois porter préjudice aux contrats d'approvisionnement en gaz signés entre les deux pays. D'ailleurs, l'Espagne n'a jamais évoqué une quelconque remise en cause des contrats signés entre les deux parties. Cela signifie que l'Algérie avait retiré des quantités supplémentaires (hors contrats) qu'elle exportait vers l'Espagne pour les réorienter vers l' Italie. Il faut dire que ses derniers temps l' Algérie a augmenté ses livraisons de gaz à l'Italie en exportant quelque 4 milliards de mètres cubes supplémentaires. Rappelons aussi que depuis le début de l'année, l'Algérie a fourni à l'Italie 13,9 milliards de mètres cubes, dépassant de 113% les volumes prévus initialement. Elle prévoit de lui livrer au total 6 milliards de mètres cubes supplémentaires d'ici à fin 2022 afin d'arriver à 9 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires par an en 2023-2024. Par ailleurs, l' Algérie a signé récemment un contrat., d'un montant de 4 milliards de dollars, entre les groupes américain, italien et français Occidental Petroleum, ENI et Total, «qui permettra de fournir l'Italie en quantités importantes de gaz supplémentaire. Selon les dernières données de l' Enagaz, le importations en provenance de l' Algérie ont chuté de 41,11% durant le premier semestre 2022 par rapport à la même période de l'année dernière. Par contre, selon la même source, les importations de gaz en provenance de la Russie ont augmenté de 3,2% en glissement annuel durant les six premiers mois de l'année en cours. Au cours du premier semestre, l'Espagne a importé de l' Algérie 55 962 gigawattheures (GWh) de gaz, dont 51 484giawattheures sont arrivés par gazoduc (Medgaz) et le reste par méthaniers sous forme de gaz naturel liquéfié(GNL). Ces chiffre représente une baisse de 40% du gaz algérien arrivant depuis en Espagne par gazoduc par rapport au premier semestre 2021. Ainsi, 24,4% des 35 890 GWh de gaz importé par l'Espagne au cours du sixième mois de l'année provenant de la Russie, ce qui en fait le deuxième fournisseur de cette matière première après les Etat-Unis. L' Algérie a reculé de la première à la troisième place. Le gaz représente 91% des exportations algériennes vers l'Espagne. Du côté espagnol, elles englobent une série de secteurs et de produits dont la part du marché s'est accrue depuis la signature de l'accord de coopération en 2002.