La proximité géographique de l'Europe et les réserves importantes de gaz qui se trouvent dans le désert du Sahara ont fait de l'Algérie un fournisseur historique de l'Europe en gaz depuis 1964. Depuis le développement du marché gazier en Europe, l'Algérie a toujours été un fournisseur fiable, y compris durant les années 1990 où la situation sécuritaire pouvait être un obstacle aux approvisionnements sécurisés. Près de 97% des quantités de gaz algérien exportés vont vers le marché européen à travers les gazoducs ou bien grâce aux méthaniers qui transportent le gaz sous sa forme liquéfié (GNL). Ces dernières années, l'Algérie a exporté en moyenne environ 60 milliards de gaz par an. Avec ces quantités, l'Algérie est l'un des principaux fournisseurs de gaz à l'Europe aux côtés de la Russie et de la Norvège. Ce statut historique de l'Algérie a été encore renforcé après la crise vécue par l'Europe à la suite du différend entre la Russie et l'Ukraine sur le transit du gaz en janvier 2006 et en janvier 2009. La majorité du gaz russe qui est vendue par la Russie à l'Europe passe par l'Ukraine. En janvier 2006, l'Italie par exemple avait demandé à l'Algérie l'augmentation des quantités de gaz en renforçant les capacités du premier gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie via la Tunisie (Transmed) et en accélérant la réalisation d'un autre projet de gazoduc, le Galsi qui doit relier l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne. Les pays européens, clients traditionnels, tels que l'Espagne, l'Italie ou la France, augmentent la part du gaz algérien et diversifient ainsi leur approvisionnement en volume. Cet aspect a été surtout remarqué depuis la crise entre la Russie et l'Ukraine, lorsque Moscou avait fermé les robinets du gaz à l'Ukraine à cause d'un conflit sur le prix de ce dernier. Une mesure qui avait eu des répercussions sur l'approvisionnement de plusieurs pays européens, vu que les quantités de gaz qu'ils achetaient passaient par gazoduc via l'Ukraine. Depuis, malgré l'importance du gaz russe pour le marché européen et la place qu'il occupe, les pays européens cherchent toutes les opportunités pour diversifier leur approvisionnement par gazoduc et par méthanier avec du GNL. Et les quantités supplémentaires qui peuvent venir d'Algérie sont les bienvenues. Les exportations de gaz qui étaient de 30 milliards de mètres cubes en 1989 ont doublé pour passer à 62 milliards de mètres cubes en 2004. Et il est prévu qu'elles augmentent encore pour passer à 85 milliards de mètres cubes avec l'entrée en fonction de deux nouveaux gazoducs, le Medgaz vers l'Espagne qui est déjà prêt et le Galsi qui est toujours à l'étude. La capacité de chacun des gazoducs au départ sera de 8 milliards de mètres cubes. L'augmentation des capacités du gazoduc Transmed doivent être portées de 27,5 milliards à 33,5 milliards de mètres cubes. En 2004, année où les exportations de gaz naturel ont doublé par rapport à 1989, Sonatrach a vendu 25 milliards de mètres cubes de GNL, dont 10% en spot. La France était le premier client avec 32%, suivie de l'Espagne (23%), la Belgique (16%), les USA (10%), la Turquie (12%), l'Italie (5%) et la Grèce (2%). Par la voie des gazoducs, les ventes de gaz naturel avaient atteint 35,3 milliards de mètres cubes, dont 70% (24 milliards de mètres cubes) par le gazoduc Algérie-Italie /Enrico Mattei et 30% (10,59 milliards de mètres cubes) par le gazoduc Algérie-Espagne /Pedro Duran Farell. Le premier client en gaz naturel est l'Italie (68%) suivie de l'Espagne (22%), le Portugal (7%), la Tunisie (2%) et la Slovénie (1%). On peut dire que pour les prochaines décennies, l'Algérie et l'Europe seront liées par une relation particulière à travers le gaz naturel. Cette situation devrait valoir à l'Algérie une place de choix dans ses relations avec l'Union européenne vu l'importance de la sécurité d'approvisionnement en énergie.