Treize migrants africains arrêtés à la suite du drame migratoire de Melila fin juin, ont été condamnés, mercredi, à 2 ans et demi de prison au Maroc, a indiqué une association locale de défense des droits de l'homme, dénonçant une peine «très sévère», et le recours à la justice à des fins politiques. Selon l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), un tribunal de Nador a condamné 13 migrants africains à une peine de deux ans et demi de prison, assortie d'une amende de 10000 dirhams. L'association décrit les peines comme «très sévères contre des demandeurs d'asile» et souligne que «les dispositions confirment une fois de plus comment (au Maroc) l'appareil judiciaire est mobilisé contre de simples migrants au service des politiques d'immigration». L'association a par ailleurs, émis son souhait que ces migrants soient libérés en appel. Le 4 août dernier, 14 migrants arrêtés le 23 juin dernier, soit la veille du drame migratoire de Melilla, ont été condamnés à huit mois de prison ferme par le même tribunal pour «appartenance à une bande criminelle d'immigration clandestine». Trente-trois autres migrants d'origine subsaharienne ont écopé le 19 juillet de 11 mois de prison ferme pour «entrée illégale» au Maroc. Le 24 juin, au poste-frontière de Melilla, au moins 23 migrants subsahariens ont été brutalement tués par la police marocaine, qui tentait de les empêcher d'entrer dans l'enclave espagnole. De nombreuses vidéos et images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des dizaines de migrants au sol, quasiment inertes. Certaines montraient également les forces de sécurité marocaines en train de tabasser des migrants. Des séquences vidéo prises par l'AMDH montrent un agent de sécurité marocain frappant au sol des hommes visiblement blessés et un autre agent jetant un corps inerte sur plusieurs personnes. Selon des organisations de défense des droits humains au Maroc et ailleurs, le nombre de victimes lors de la répression sanglante d'environ 2000 migrants africains le 24 juin dépasse de loin les 23 morts annoncés par les autorités marocaines. De nombreux pays et organisations internationales ont exigé l'ouverture d'une enquête internationale indépendante, afin de faire la lumière sur ce qu'il s'est réellement passé et sanctionner les auteurs.