Après les tensions, la réconciliation. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont signé, hier à Alger, «la Déclaration d'Alger pour un partenariat renouvelé». Un «partenariat renouvelé, concret et ambitieux», selon un communiqué de l'Elysée. La cérémonie de signature s'est déroulée au salon d'honneur de l'aéroport international Houari-Boumediene, en présence des délégations des deux pays. Une cérémonie précédée par la signature de cinq accords de coopération bilatérale. Des accords portant sur la santé, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, le sport, la sécurité, la défense, la politique étrangère et l'économie, en particulier dans les domaines alimentaires et les denrées rares. La signature de la «Déclaration d'Alger» devrait sceller définitivement la réconciliation algéro-française. À ce sujet, le président Tebboune a été explicite dans sa déclaration. «La visite officielle du président français a remis beaucoup de choses à leur place», a affirmé le chef de l'Etat à l'issue de la signature de la «Déclaration d'Alger pour un partenariat renouvelé» entre l'Algérie et la France. Un rapprochement qui «n'aurait pas été possible s'il n'y avait pas la personnalité même du président Macron», a reconnu le président Tebboune. Signe de leur bonne entente, le président algérien a raccompagné Emmanuel Macron à son avion, avec les honneurs militaires, et ils se sont salués, la main sur le coeur. Cette Déclaration devrait «renouveler» l'engagement des deux Présidents à «inscrire leurs relations dans une dynamique de progression irréversible». Pour preuve, les deux pays comptent «agir ensemble dans beaucoup de domaines en dehors de l'Algérie et la France», a indiqué le président Tebboune qui a souligné que l'Algérie, en sa qualité de l'une des premières puissances en Afrique, défend toujours l'intérêt du continent, tout en précisant que « ce rapprochement nous permettra d'aller très loin». Pour étayer ses propos, le chef de l'Etat citera la réunion de très haut niveau ayant réuni, vendredi à Alger, les deux Présidents et les services de sécurité des deux côtés, y compris l'armée». Une première depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. «Ce qui augure d'une action commune dans l'intérêt de notre environnement géopolitique», note le chef de l'Etat. Pour «rehausser leurs concertations politiques», Alger et Paris vont instaurer un «Haut conseil de coopération» au niveau des chefs d'Etat, afin «d'approfondir dans un esprit de confiance et respect mutuels, des réponses adaptées aux questions bilatérales, régionales et internationales», prévoit la Déclaration d'Alger. Un cadre de concertation devenu une « exigence pour faire face aux nouveaux défis globaux (crises globales et régionales, changement climatique, préservation de la biodiversité, révolution numérique, santé...)». Un texte qui permettra, selon le président français, le renforcement de «l'intimité en ayant un dialogue permanent sur tous les sujets. Y compris les sujets qui nous empêchaient d'aller de l'avant, car ils revenaient sans cesse», à l'instar de la mémoire. À ce sujet, le président Tebboune, a révélé que la commission d'historiens qui sera mise en place dans les prochains jours entre l'Algérie et la France, aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l'angle historique et non politique». Une manière de décomplexer l'histoire. « Cette commission pourrait être installée dans les 15 à 20 jours qui suivent», a annoncé Abdelmadjid Tebboune. Concernant l'épineux problème des visas, Paris et Alger ont décidé de renforcer la lutte contre l'immigration clandestine tout en «encourageant la mobilité pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, artistes, responsables d'association, sportifs» et les familles de binationaux. En outre un «nouvel élan» sera donné à la relation économique dans «un partenariat équilibré dans l'intérêt des deux pays», notamment dans le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l'agriculture et le tourisme. Par ailleurs, des coopérations multiples sont prévues aussi sur le plan culturel et sportif avec beaucoup de projets pour la jeunesse, dont un incubateur de start-up, des aides aux jeunes entrepreneurs sur les deux rives, un développement conjoint de filières cinématographiques. Prochaine réunion ministérielle bilatérale Une réunion des Premiers ministres et des membres des deux gouvernements se tiendra, en Algérie, dans les prochains mois, ainsi que de nombreuses autres réunions et visites bilatérales pour fixer l'agenda de coopération entre les deux pays. Plusieurs axes de coopération économique seront abordés, notamment la recherche, l'énergie, les matériaux rares, l'industrie, les nouvelles technologies ainsi que l'industrie culturelle et créative. Pour ce faire, les deux parties comptent oeuvrer ensemble sur le plan de la formation de talents, sur la construction de projets communs et sur l'amélioration des circuits de financement.