Même si son leadership au Sahel n'a jamais été remis en cause, l'Algérie redistribue les cartes dans la région, notamment par la relance du Comité d'état-major opérationnel conjoint. C'est en gros ce qui ressort de la visite de trois jours dans la capitale malienne, Bamako, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ramtane Lamamra. Une relance du Comité d'état-major opérationnel conjoint, créé en 2010 à l'initiative d'Alger et basé à Tamanrasset, imposée par la « faillite» du G5-Sahel. Une coalition antiterroriste, dont l'Algérie ne fait pas partie, regroupant la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et le Mali, avant que ce dernier ne suspende sa participation, le 15 mai 2022, à cette organisation régionale, en raison de la «non-tenue du sommet des chefs d'Etat du G5 Sahel qui, traditionnellement a lieu en début d'année, afin de remettre la présidence tournante à un des pays membres», soulignait un communiqué des autorités de transition malienne. Un sommet qui aurait dû se tenir à Bamako. Aussi, la fin de l'opération Barkhane incite à repenser en profondeur l'offre stratégique française en Afrique de l'Ouest. En effet, la fin de l'opération Barkhane est devenue une nécessité de revaloriser les forces en présence et le dispositif pré-positionné, notamment le Cemoc. Une relance longuement discutée entre Ramtane Lamamra et son homologue malien Abdoulaye Diop, dans le cadre de la 18e session du Comité bilatéral stratégique Mali-Algérie. Selon des sources, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a expliqué vouloir «redynamiser», «renforcer» le Cemoc pour lutter contre les groupes terroristes. «Nos responsables sont en train de regarder tout ce que nous pouvons faire ensemble pour ramener la paix et la sécurité dans notre zone», a-t-il avancé. En somme, selon le chef de la diplomatie malienne, une manière de «trouver des solutions africaines à nos problèmes africains [...] sans fermer la porte à nos amis non africains». À cet égard, les deux parties ont relevé avec satisfaction la convergence de leurs analyses sur l'ensemble des dossiers abordés et réitéré leur engagement à ne ménager aucun effort pour que la région sahélo-saharienne soit une zone de paix et de prospérité partagée. Outre la sécurité, les deux pays sont convenus de renforcer leurs partenariats dans divers secteurs, notamment l'énergie et les mines, les télécommunications, le commerce ou encore la formation professionnelle et universitaire et à faciliter la circulation des biens et des personnes. D'ailleurs, Ramtane Lamamra a été reçu, hier, en audience par le président de la Transition, chef de l'Etat malien, le colonel Assimi Goïta. À cette occasion, le chef de la diplomatie algérienne a transmis au chef de l'Etat malien un message du président Abdelmadjid Tebboune portant sur les relations historiques de bon voisinage, de coopération et de solidarité entre les deux pays frères. L'entretien a porté sur les résultats de la 18e session du Comité bilatéral stratégique tenue la veille sous la présidence des chefs de la diplomatie des deux pays ayant permis d'aborder un large éventail de dossiers d'intérêt commun dans l'objectif de consolider davantage les convergences stratégiques algéro-maliennes. Une occasion de revisiter la feuille de route des projets convenus dans le cadre des différents mécanismes de leur coopération bilatérale en vue de leur mise en oeuvre diligente. En ce qui concerne l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, les deux parties ont passé en revue les avancées, les difficultés et les attentes, tout en reconnaissant le caractère dynamique. consensuel et progressif de ce processus. En outre, Ramtane Lamamra s'est entretenu avec Malick Diaw, président du Conseil national de transition et Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim. Des audiences ayant mis en exergue l'importance d'accélérer la mise en oeuvre de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d'Alger.