Il y a exactement trois ans que l'aimable Rouiched nous quittait à jamais. Lui, dont le nom est toujours assimilé à l'ironie et à l'expérience de voir la société algérienne se doter de son propre cinéma. Un art, pour le moins qu'on puisse dire, traduit la réalité de cette société en mouvement. Rouiched a su tirer sa révérence en cette journée fatidique du 28 janvier 1999. Alors, la nouvelle de la disparition de Si Hassan tomba tel un couperet qui a jeté la tristesse sur ceux qui ont le plaisir de voir ses films. Aujourd'hui, cette date vient nous rappeler l'image, la bonté et la joie de ce pilier du cinéma algérien. Ahmed Ayad, de son vrai nom, est né le 20 avril 1921 à la Casbah, l'un des plus vieux quartiers de la capitale. Cette ville lui apprend la culture ancestrale gravée dans la mémoire collective de ses habitants. Alors, notre artiste fait ses premiers pas dans l'obscurité d'une misère imposée par le colonisateur français, à l'époque. Ce qui a conduit le petit Rouiched à emprunter le chemin de la vie active très jeune. C'est à 13 ans qu'il décide d'abandonner ses classes à l'école primaire de Soustara, et de s'adonner à diverses activités pouvant lui permettre de venir en aide à sa famille. Vendeur de journaux à la criée, il connut le dramaturge Mahboub Stambouli qui ouvre les portes de sa carrière, et le confia à Rachid Ksentini qui pour sa part, n'a pas manqué de mettre cette nouvelle recrue dans le bain du théâtre. Et c'est à partir de ce moment-là que le petit Ahmed devient Rouiched, ce fameux rigolo qui n'a pas tardé à se faire connaître dans les milieux artistiques. De ce fait, les différents rôles qu'il a joués dans plusieurs sketches et pièces théâtrales lui ouvrent de larges horizons sur le monde du 7e art. C'est là que se fera sa renommée. Et les rôles de Hassan terro, Hassan nya, Hassan taxi, Tayeb... lui valurent la reconnaissance d'un public ravi de voir ces oeuvres qui constituent la richesse du cinéma algérien. Et, c'est durant plusieurs années que Si Hassan a su armer le cinéma, et donner un souffle de gaieté aux téléspectateurs algériens, aux côtés de grandes figures, telles Mahieddine Bachtarzi, Sid Ali Kouiret, Hassan El Hassani, Sid Ahmed Agoumi... et autres ayant pu braver les défis pour faire valoir la culture et le cinéma algériens. En somme, la carrière artistique de Rouiched est remplie de créativité, et chacun de nous se souvient d'au-moins une action de ce géant de la comédie algérienne, à qui on doit beaucoup de reconnaissance, d'avoir partagé les maux de ces concitoyens qui souffrent, et donné le meilleur de son vécu à la culture de son pays. Et, c'est à cet âge qu'il s'éteignit, laissant derrière lui un répertoire et une oeuvre qui continuent à apporter la joie et à faire rire les Algériens de tout âge.